Système de projection des professions au Canada (SPPC)

Sommaire industriel

Foresterie et exploitation forestière

(SCIAN 1131; 1132; 1133; 1153)

Cette industrie comprend les établissements dont l’activité principale est l’exploitation forestière, l’exploitation de terres à bois et de pépinières forestières, ainsi que les activités de soutien comme le transport, le reboisement et la lutte contre les ravageurs et les incendies. L’exploitation forestière et les activités de soutien représentent les deux plus importants segments et emploient la majorité des travailleurs. Bien que les exportations brutes ne représentent qu’une faible proportion de l’ensemble de ses revenus, l’industrie forestière est fortement tributaire des ventes des industries manufacturières de produits en bois et de pâtes et papiers qui exportent une large part de leur production, principalement aux États-Unis. L’industrie comptait 50 700 travailleurs en 2021, largement concentrés en Colombie-Britannique (38 %), au Québec (30 %) et en Ontario (12 %). La main-d’œuvre est principalement composée de travailleurs masculins (82 %) et les professions clés (CNP à 4 chiffres) incluent :

  • Conducteurs/conductrices de machines d’abattage d’arbres (8241)
  • Opérateurs/opératrices de scies à chaîne et d’engins de débardage (8421)
  • Surveillants/surveillantes de l’exploitation forestière (8211)
  • Technologues et techniciens/techniciennes en sciences forestières (2223)
  • Manœuvres de l’exploitation forestière (8616)
  • Ouvriers/ouvrières en sylviculture et en exploitation forestière (8422)
  • Conducteurs/conductrices de camion de transport (7511)
  • Techniciens/techniciennes du milieu naturel et de la pêche (2224)
  • Directeurs/directrices de l’exploitation des ressources naturelles et de la pêche (0811)
  • Mécaniciens/mécaniciennes d’équipement lourd (7312)
  • Professionnels/professionnelles des sciences forestières (2122)

L’industrie canadienne de la foresterie et de l’exploitation forestière a enregistré une croissance négative de son PIB au cours de la période 2012-2021, car elle a été frappée par des défis cycliques et des changements structurels dans la demande pour les produits forestiers. Après avoir été sévèrement affectée par l’effondrement du marché immobilier américain avant et pendant la récession de 2008-2009, la production s’est partiellement redressée de 2010 à 2015 avant de diminuer à nouveau de 2015 à 2020. L’industrie a été confrontée à de nombreux défis au cours des dernières années, notamment à la baisse de la demande pour les produits du papier causée par la transition numérique; aux feux de forêt dévastateurs de 2017 et 2018 en Colombie-Britannique; au retour des tarifs douaniers américains sur les exportations canadiennes de bois d’œuvre; et au recul important des mises en chantier au Canada en 2018 et 2019. Sans surprise, la pandémie de COVID-19 a entraîné une autre année négative en 2020 avant que la production ne se redresse en 2021 en réponse à la forte demande en matière de logements et de rénovations, qui a fait bondir les prix du bois d’œuvre. En effet, avec l’augmentation du revenu disponible (découlant des programmes de soutien gouvernementaux et d’une accumulation considérable de l’épargne) et la poursuite des politiques de confinement à domicile et de télétravail, de nombreux ménages ont fait l’acquisition d’une maison plus spacieuse ou d’une nouvelle maison en dehors des zones urbaines, ou ont entrepris des travaux de rénovation. Mais le rebond de la production forestière en 2021 n’a pas été suffisant pour contrebalancer la tendance baissière observée dans les années précédentes, entraînant un recul du PIB de 0,6% annuellement en moyenne pour l’ensemble de la période 2012-2021. Malgré le recul de la production, l’emploi a augmenté de 0,7 % par année au cours de la même période. Cette situation s’explique par une diminution de la productivité, largement attribuable à la pandémie du dendroctone du pin ponderosa et à des feux de forêt dévastateurs en Colombie-Britannique, qui ont eu un impact négatif sur la productivité de l’industrie puisque la qualité et l’accessibilité du bois commercialement viable ont été considérablement réduites. En moyenne, la productivité a diminué à un taux annuel de 1,3 % au cours des dix dernières années.

Au cours de la période de projection, la croissance de la production dans l’industrie forestière devrait revenir en territoire positif, bien qu’elle demeurera relativement faible, contrainte par une baisse supplémentaire du PIB en 2022 (en raison du recul des prix du bois d’œuvre), par le ralentissement anticipé dans l’investissement résidentiel en Amérique du Nord, par une réduction de la demande pour les produits du papier, et par une offre limitée de bois marchand. La flambée du prix des maisons et l’augmentation des taux d’intérêt hypothécaires viendront réduire la construction de nouveaux logements et l’activité de revente, ce qui limitera la croissance des dépenses de rénovation des deux côtés de la frontière, particulièrement à court et moyen terme. Une légère reprise cyclique de la demande pour le logement est anticipée au Canada à plus long terme, en réponse à la hausse de l’immigration et à une intensification des pressions sur l’offre de logements. En revanche, on s’attend à ce que le nombre de mises en chantier stagne aux États-Unis (puisque les constructeurs ont accumulé une grande quantité de maisons non vendues). Le changement dans la composition des mises en chantier causé par le vieillissement de la population viendra également tempérer la demande pour les produits du bois, puisqu’on prévoit un déclin dans la construction de maisons unifamiliales au profit d’habitations à logements multiples (jumelés, appartements et copropriétés) et que ces dernières nécessitent moins de bois par unité de production. L’imposition de tarifs douaniers américains sur le bois d’œuvre canadien demeurera un obstacle pour l’industrie, même si la réduction des tarifs annoncée à l’été 2022 (de 18 % à 12 %) apportera un certain répit aux constructeurs américains et aux producteurs canadiens. Par ailleurs, la diminution de l’offre de bois marchand causée par l’épidémie du dendroctone du pin et les feux de forêt viendra freiner la production lorsque les opérations de sauvetage de la valeur commerciale résiduelle des arbres prendront fin et que la quantité de coupes annuelles permises sera réduite. Les difficultés observées dans l’industrie des pâtes et papiers viendront également restreindre la croissance de la production dans l’industrie forestière.

Sur une note plus positive, l’émergence de l’industrie des carburants de biomasse et l’utilisation accrue du bois comme matériau de rechange écologique dans la construction de bâtiments devraient venir supporter la demande de produits forestiers à plus long terme. En effet, la construction en bois massif représente une opportunité importante pour l’industrie forestière au Canada, en particulier lorsqu’on considère le ralentissement anticipé dans la construction de maisons unifamiliales en Amérique du Nord. Divers facteurs favorisent une plus grande utilisation du bois dans les immeubles de moyenne et grande dimension, notamment les avancées technologiques dans les produits du bois, les préoccupations environnementales et les nouveaux standards de construction. Sous cette perspective, l’industrie pourrait bénéficier de l’accélération anticipée dans la construction de bâtiments non résidentiels au cours de la période de projection, contrebalançant en partie le ralentissement anticipé dans la construction résidentielle. On projette que le PIB de l’industrie croîtra de 0,4 % par année sur la période 2022-2031. Cette amélioration par rapport à la décennie précédente devrait se traduire par une croissance annuelle de l’emploi de 0,8 % en moyenne puisque la productivité devrait continuer à diminuer, mais à un rythme plus lent que par le passé (-0,4 % par année). En fait, on projette qu’une grande partie des gains d’emploi auront lieu en 2022, car la croissance de la productivité devrait reprendre dès 2023. Mais la productivité prendra du temps avant de retourner à son niveau pré-pandémique, car la dévastation des forêts causée par le dendroctone du pin et les feux de forêt viendra modifier la taille et l’emplacement du stock de bois disponible. Le redressement de la productivité se traduira par des gains plus modérés en matière d’emploi durant le reste de la période de projection, car l’exode des jeunes des communautés rurales et le nombre croissant de travailleurs en âge de prendre leur retraite continueront à exercer des pressions sur la main-d’œuvre au sein de l’industrie.

Croissance du PIB réel et de l’emploi dans la foresterie et l'exploitation forestière

Ce graphique montre la croissance annuelle du PIB réel et de l’emploi au cours des périodes 2012 à 2021 et 2022 à 2031 dans la foresterie et l'exploitation forestière. Les données sont présentées dans le tableau à la suite de ce graphique

Sources : Statistique Canada (données historiques) et EDSC, projections industrielles 2022 du SPPC.

Version texte de la figure Croissance du PIB réel et de l’emploi dans la foresterie et l'exploitation forestière (moyenne annuelle, %)
  PIB réel Emploi
2012-2021 -0,6 0,7
2022-2031 0,4 0,8

Sources : Statistique Canada (données historiques) et EDSC, projections industrielles 2022 du SPPC.


Date de modification :