Système de projection des professions au Canada (SPPC)

Sommaire industriel

Construction

(SCIAN 2361-2362; 2371-2379; 2381-2389)

Cette industrie comprend les établissements dont l’activité principale est la construction, la réparation et la rénovation d’immeubles et d’ouvrages de génie civil, ainsi que le lotissement et l’aménagement de terrain. Ces établissements peuvent exercer leurs activités pour leur propre compte ou pour celui d’autres établissements avec qui ils sont liés par contrat. Ils peuvent être responsables de l’exécution de l’ensemble ou d’une partie du projet de construction. L’industrie est composée des trois segments suivants : construction de bâtiments (résidentiels, commerciaux et industriels), travaux de génie civil (tels que routes, ponts, infrastructures publiques, installations minières, pétrolières et gazières), entrepreneurs spécialisés (tels que maçonnerie, peinture et électricité). Les activités de construction reposent sur le marché intérieur et dépendent principalement de l’investissement résidentiel et non résidentiel, lequel est particulièrement sensible aux fluctuations des conditions économiques et financières ainsi qu’aux tendances démographiques au Canada. L’industrie comptait 1,4 million de travailleurs en 2021 (7,6 % de l’emploi total dans l’économie), dont 56 % dans les entrepreneurs spécialisés, 33 % dans la construction résidentielle et non résidentielle et 11 % dans les travaux de génie civil (voir la note en bas de page pour les données sur le PIB)[1]. L’emploi est principalement concentré en Ontario (37 %), Québec (20 %), Alberta (16 %) et Colombie-Britannique (15 %). La main-d’œuvre est caractérisée par une forte proportion de travailleurs masculins (87 %) et de travailleurs autonomes (26 %). Les professions clés (CNP à 4 chiffres) incluent :

  • Entrepreneurs/entrepreneuses et contremaîtres/contremaîtresses du personnel des métiers industriels, de la construction, de l’électricité et du personnel assimilé (7201-7205)
  • Gestionnaires en construction et rénovation domiciliaire (0712)
  • Charpentiers-menuisiers/charpentières-menuisières (7271)
  • Aides de soutien des métiers et manœuvres en construction (7611)
  • Électriciens/électriciennes (7241)
  • Directeurs/directrices de la construction (0711)
  • Conducteurs/conductrices d’équipement lourd (7521)
  • Plombiers/plombières (7251)
  • Peintres et décorateurs/décoratrices (7294)
  • Entrepreneurs/entrepreneuses et contremaîtres/contremaîtresses des équipes d’opérateurs d’équipement lourd (7302)
  • Plâtriers/plâtrières, poseurs/poseuses et finisseurs/finisseuses de systèmes intérieurs et latteurs/latteuses (7284)
  • Personnel d’installation, d’entretien et de réparation d’équipement résidentiel et commercial (7441)
  • Mécaniciens/mécaniciennes en chauffage, réfrigération et en climatisation (7313)
  • Couvreurs/couvreuses et poseurs/poseuses de bardeaux (7291)
  • Monteurs/monteuses de charpentes métalliques (7236)
  • Conducteurs/conductrices de camions de transport (7511)
  • Estimateurs/estimatrices en construction (2234)
  • Tuyauteurs/tuyauteuses, monteurs/monteuses d’appareils de chauffage et poseurs/poseuses de gicleurs (7252)
  • Poseurs/poseuses de revêtements d’intérieur (7295)
  • Finisseurs/finisseuses de béton (7282)
  • Briqueteurs-maçons/briqueteuses-maçonnes (7281)
  • Tôliers/tôlières (7233)
  • Carreleurs/carreleuses (7283)
  • Calorifugeurs/calorifugeuses (7293)
  • Grutiers/grutières (7371)
  • Inspecteurs/inspectrices en construction (2264)
  • Mécaniciens/mécaniciennes d’équipement lourd (7312)
  • Mécaniciens/mécaniciennes de chantier et mécaniciens/mécaniciennes industrielles (7311)
  • Constructeurs/constructrices et mécaniciens/mécaniciennes d’ascenseurs (7318)
  • Ébénistes (7272)
  • Vitriers/vitrières (7292)
  • Ingénieurs civils/ingénieures civiles (2131)
  • Foreurs/foreuses et dynamiteurs/dynamiteuses de mines à ciel ouvert, de carrières et de chantiers de construction (7372)
  • Monteurs/monteuses de lignes et de câbles de télécommunications (7245)
  • Monteurs/monteuses d’installations au gaz (7253)
  • Personnel d’entretien des canalisations d’eau et de gaz (7442)
  • Technologues et techniciens/techniciennes en génie civil (2231)
  • Monteurs/monteuses de lignes électriques et de câbles (7244)
  • Installateurs/installatrices de brûleurs à l’huile et à combustibles solides (7331)
  • Chaudronniers/chaudronnières (7234)
  • Foreurs/foreuses de puits d’eau (7373)

L’industrie de la construction a affiché une croissance plutôt modérée au sein de l’économie canadienne au cours des dix dernières années, puisque la production a connu des fluctuations considérables. Après avoir été affectées par les fortes baisses de l’investissement résidentiel et non résidentiel pendant la récession de 2008-2009, les activités de construction se sont rapidement redressées en 2010 et ont affiché une croissance soutenue jusqu’en 2014, stimulées par une hausse substantielle des dépenses d’investissement dans des projets énergétiques et par l’impact positif des faibles taux hypothécaires sur le marché immobilier. Cependant, le PIB de l’industrie a accusé un nouveau recul en 2015 et 2016, en raison d’une baisse marquée de l’investissement non résidentiel, causée principalement par la chute des investissements dans les ouvrages de génie liés aux installations pétrolières et gazières suite à l’effondrement des prix du pétrole brut et à la faiblesse des prix du gaz naturel. Cette situation a entraîné des retards ou des annulations dans les projets énergétiques de grande envergure, incluant les projets associés aux sables bitumineux en Alberta et à la construction de terminaux de gaz naturel liquéfié (GNL) en Colombie-Britannique. Le PIB de la construction s’est lentement redressé de 2017 à 2019, soutenu par un modeste rebond de l’investissement non résidentiel, bien que la croissance ait été contrainte par une légère baisse de l’investissement résidentiel. Le PIB a de nouveau reculé en 2020 en raison de l’arrêt des activités de construction au début de la pandémie de COVID-19, avant de bondir en 2021 en réponse à une forte hausse de l’investissement résidentiel. En effet, avec l’augmentation du revenu disponible (découlant des programmes de soutien gouvernementaux et d’une accumulation considérable de l’épargne) et la poursuite des politiques de confinement à domicile et de télétravail, de nombreux ménages ont fait l’acquisition d’une maison plus spacieuse ou d’une nouvelle maison en dehors des zones urbaines, ou ont entrepris des travaux de rénovation, ce qui a stimulé l’activité de revente, la construction de nouveaux logements et les dépenses de rénovation. Dans l’ensemble, la croissance du PIB de l’industrie s’est chiffrée à 1,8 % par année en moyenne sur la période 2012-2021, comparativement à 1,1 % pour l’emploi. Le nombre de travailleurs de la construction a augmenté de façon continue de 2012 à 2019, mais la pandémie a entraîné d’importantes pertes d’emplois en 2020. Malgré un rebond notable en 2021, l’emploi dans l’industrie est demeuré inférieur à son niveau pré-pandémique. Les mouvements observés dans le PIB et l’emploi ont également entraîné d’importantes fluctuations de la productivité au cours des dix dernières années, enregistrant une croissance moyenne de 0,7 % annuellement.

Après avoir atteint un sommet en 2021, le PIB de la construction devrait continuer de croître à un rythme soutenu en 2022, avant de reculer en 2023-2024 et enregistrer une croissance plutôt modeste par la suite. Ce ralentissement par rapport à la décennie précédente reflète une légère baisse de l’investissement résidentiel sur la période de projection, puisque la flambée du prix des maisons et la hausse des taux d’intérêt hypothécaires devraient venir réduire la construction de nouveaux logements et l’activité de revente, freinant ainsi la croissance des dépenses de rénovation, particulièrement à court terme. Une légère reprise cyclique de la demande pour de nouveaux logements est attendue à plus long terme en réponse à la hausse de l’immigration et à une augmentation des pressions sur l’offre de logements. Cependant, le déclin anticipé dans le taux de formation des ménages causé par une population vieillissante et le changement dans la composition des mises en chantier au profit d’habitations multifamiliales (jumelés, appartements et copropriétés) devraient venir restreindre la croissance de l’investissement dans le logement neuf (car les unités d’habitation multifamiliales sont en moyenne plus petites que les maisons unifamiliales). Une croissance soutenue des dépenses de rénovation devrait toutefois venir compenser, dans une certaine mesure, les faibles perspectives reliées à la construction de nouveaux logements et à l’activité de revente, en partie alimentée par les différents programmes gouvernementaux consacrés au logement écologique (tels que l’isolation des maisons, les fenêtres et les portes, l’étanchéité à l’air, les thermopompes et les panneaux solaires) et le désir des baby-boomers d’apporter des améliorations à leur résidence.

Compte tenu de perspectives plutôt mitigées pour l’investissement résidentiel, de meilleures perspectives en matière d’investissement non résidentiel contribueront à soutenir les activités de construction sur la période de projection, grâce à un reprise des investissements dans les ouvrages de génie et à une croissance plus rapide des investissements dans la construction de bâtiments non résidentiels. Après une chute brutale au cours des dernières années en raison de la faiblesse des prix du pétrole, l’investissement dans les ouvrages de génie devrait se redresser, principalement à court terme, soutenu par plusieurs projets énergétiques tels que le projet d’expansion Trans Mountain, le projet LNG Canada et le projet d’énergie propre Site C de BC Hydro. Toutefois, les perspectives d’investissement sont plus modestes pour le secteur pétrolier et gazier à long terme, en raison de la décarbonisation de l’économie, de la faible capacité des pipelines domestiques et des difficultés à faire approuver des projets de grande envergure. Cela dit, certains investissements seront encore nécessaires pour effectuer la maintenance et développer les technologies de réduction des émissions de carbone. Les industries de l’électricité (services publics), des transports et des mines devraient également contribuer de manière importante à la construction d’ouvrages de génie en raison d’une demande grandissante pour les sources d’énergie non polluantes, les systèmes de transport en commun et les minéraux critiques (utilisés dans le développement de plusieurs technologies destinées à la production d’énergie propre). Dans le secteur non résidentiel, la construction de bâtiments industriels et commerciaux bénéficiera d’investissements comme ceux reliés aux usines de fabrication de véhicules électriques et au développement de nouveaux entrepôts en réponse à une plus forte utilisation du commerce électronique. À mesure que les employés de bureau adoptent un modèle hybride ou retournent au bureau à temps plein, la demande pour les espaces de bureaux devrait reprendre graduellement, quoique les perspectives sont plutôt modérées puisque les taux d’inoccupation des bureaux demeurent élevés.

Le programme d’infrastructure du gouvernement fédéral lancé en 2016 (186 milliards de dollars sur 12 ans) devrait également venir augmenter la construction d’ouvrages de génie publiques et de bâtiments institutionnels, du moins jusqu’en 2028. Outre les infrastructures de transport conventionnel et de transport en commun et les infrastructures environnementales et rurales, ce programme comprend des dépenses pour les "infrastructures sociales" telles que les établissements d’éducation préscolaire et de services de garde, les logements abordables, les soins à domicile et les infrastructures culturelles et récréatives. En moyenne, le PIB de l’industrie de la construction devrait croître à un taux annuel de 1,1 % sur la période 2022-2031. Malgré une croissance plus faible de la production par rapport à la décennie précédente, on projette que la croissance de l’emploi accélérera légèrement, au rythme moyen de 1,3 % par année, en raison d’un revirement de la productivité, qui devrait diminuer de façon marginale (-0,2 % par année). Toutefois, l’ensemble du recul de la productivité devrait se produire à court terme en raison d’une forte hausse de l’emploi en 2022 (retour aux niveaux pré-pandémiques) et d’une baisse significative du PIB en 2023-2024 (impact de la flambée du prix des maisons et de l’augmentation des taux d’intérêt hypothécaires). À partir de 2025, la croissance de la productivité devrait revenir en territoire positif et s’établir à 0,4 % par année en moyenne, ce qui est davantage représentatif de sa moyenne historique. La pénurie de travailleurs spécialisés (métiers) est probablement le plus grand défi du secteur à long terme, car les travailleurs de la construction sont déjà difficiles à trouver et la hausse imminente des départs à la retraite menace d’accroître ce défi. Des technologies novatrices, comme l’impression 3D et l’utilisation de composants préfabriqués, pourraient contribuer à atténuer ces pénuries en automatisant partiellement la construction résidentielle.

Croissance du PIB réel et de l’emploi dans la construction

Ce graphique montre la croissance annuelle du PIB réel et de l’emploi au cours des périodes 2012 à 2021 et 2022 à 2031 dans la construction. Les données sont présentées dans le tableau à la suite de ce graphique

Sources : Statistique Canada (données historiques) et EDSC, projections industrielles 2022 du SPPC.

Version texte de la figure Croissance du PIB réel et de l’emploi dans la construction (moyenne annuelle, %)
  PIB réel Emploi
2012-2021 1,8 1,1
2022-2031 1,1 1,3

Sources : Statistique Canada (données historiques) et EDSC, projections industrielles 2022 du SPPC.

[1]La ventilation pour le PIB réel de l’industrie de la construction ne correspond pas aux codes SCIAN puisque les données sur le PIB reposent sur les dépenses en immobilisations. Selon cette ventilation particulière, la construction d’immeubles résidentiels et non résidentiels représentait 51% du PIB réel de l’industrie en 2018, comparativement à 18% pour les activités de rénovation et 31% pour les ouvrages de génie et autres activités de construction. Back to text.


Date de modification :