Système de projection des professions au Canada (SPPC)

Sommaire industriel

Véhicules automobiles, remorques et pieces

SCIAN 3361; 3362; 3363

Cette industrie comprend les établissements dont l’activité principale est la fabrication de véhicules automobiles (29 % de la production totale en 2021); de pièces pour véhicules automobiles, y compris les moteurs (64 %); ainsi que de carrosseries et cabines de véhicules automobiles, de remorques de camions et remorques d’usage non commercial (9%). Dans l’ensemble, l’industrie repose fortement sur les exportations puisque 80 % de la production est destinée à l’étranger, principalement aux États Unis (95 % des exportations). Les trois segments n’ont toutefois pas le même degré de dépendance aux exportations. La fabrication de véhicules automobiles est la plus fortement orientée vers les exportations (94 %), suivie de la fabrication de pièces pour véhicules automobiles (57 %) et la fabrication de carrosseries et de remorques (42 %). L’industrie comptait 168 200 travailleurs en 2021 (9,7 % de l’emploi manufacturier), dont 36 % dans la fabrication de véhicules automobiles, 54 % dans la fabrication de pièces pour véhicules automobiles, et 10 % dans la fabrication de carrosseries et de remorques. L’emploi est surtout concentré en Ontario (79 %) et la main-d’œuvre est en grande partie composée de travailleurs masculins (76 %). Les professions clés (CNP à 4 chiffres) incluent[1] :

  • Opérateurs/opératrices de machines d’autres produits métalliques (9418)
  • Assembleurs/assembleuses, contrôleurs/contrôleuses et vérificateurs/vérificatrices de véhicules automobiles (9522) Surveillants/surveillantes dans la fabrication de véhicules automobiles (9221)
  • Opérateurs/opératrices de machines à travailler les métaux légers et lourds, et de machines de formage (9416)
  • Soudeurs/soudeuses et opérateurs/opératrices de machines à souder et à braser (7237)
  • Ingénieurs mécaniciens/ingénieurs mécaniciennes (2132)
  • Manœuvres en métallurgie (9612)
  • Outilleurs-ajusteurs/outilleuses-ajusteuses (7232)
  • Technologues et techniciens/techniciennes en génie mécanique (2232)
  • Peintres, enduiseurs/enduiseuses et opérateurs/opératrices de postes de contrôle dans le finissage du métal – secteur industriel (9536)
  • Opérateurs/opératrices de machines d’usinage (9417)
  • Monteurs/monteuses et contrôleurs/contrôleuses de matériel mécanique (9526)

L’industrie a fait face à des enjeux d’envergure depuis la fin des années 2000, principalement en raison de la hausse des importations sur le marché nord-américain et des impacts de la récession de 2008-2009. Outre le changement dans les préférences de consommateurs vers des véhicules de fabrication asiatique plus écoénergétiques, la récession a entraîné une chute radicale des ventes de véhicules neufs aux États-Unis. Les trois grands constructeurs automobiles de Détroit ont donc dû entreprendre d’importantes mesures de restructuration afin d’éviter la faillite, incluant des renégociations salariales. Bien que ces développements aient permis au secteur automobile canadien de devenir plus concurrentiel sur le marché mondial, cela n’a pas suffi à contrebalancer le déplacement de la production vers le Mexique, où les salaires horaires sont beaucoup plus bas. Après avoir chuté de façon importante en 2008 et 2009, la production et l’emploi dans l’industrie canadienne se sont partiellement rétablis de 2010 à 2014, grâce à l’accumulation d’une énorme demande refoulée aux États-Unis pendant la récession et à des conditions de financement plus souples. La production est demeurée relativement stagnante jusqu’en 2019 suite à l’érosion graduelle de la demande refoulée et au changement dans les préférences des consommateurs en faveur de camions légers comme des véhicules utilitaires sport (VUS) et des fourgonnettes. L’industrie a été sévèrement affectée par la pandémie de COVID-19, puisque les mesures de confinement et les restrictions en matière de transport ont réduit la demande de véhicules automobiles, alors que les fermetures temporaires d’usines, les ruptures de la chaîne d’approvisionnement et les pénuries de semi-conducteurs ont perturbé la production. Celle-ci a chuté de façon radicale en 2020 et a continué de reculer en 2021, effaçant tous les gains enregistrés au cours des huit années précédentes, ce qui s’est traduit par un déclin net du PIB de l’industrie de 1,3 % par année en moyenne pour l’ensemble de la période 2012-2021. En revanche, l’emploi a été plus résilient, progressant à un rythme moyen de 1,2 % par année, malgré une certaine volatilité. Après avoir enregistré des gains considérables en raison d’importantes restructurations suite à la récession de 2008-2009, la productivité a stagné de 2014 à 2019, avant de chuter brusquement durant les années de pandémie 2020-2021, en réponse à la forte diminution du PIB. Le résultat net fut une baisse annuelle de 2,5 % de la productivité sur l’ensemble de la décennie.

Au cours de la période de projection, la croissance du PIB de l’industrie devrait revenir en territoire positif et se raffermir de façon marquée, mais il faudra plusieurs années avant que la production se remette pleinement de la pandémie. Suite au recul considérable des ventes de véhicules automobiles, à l’épuisement des flottes de voitures de location et à une accumulation considérable de l’épargne des ménages, la demande devrait se redresser chez les consommateurs et compagnies de location de véhicules, mais la croissance de la production demeurera contrainte par la pénurie de semi-conducteurs, en particulier à court terme. À moyen et long terme, l’industrie bénéficiera de la transformation des chaînes de production pour des véhicules plus haut de gamme et véhicules électriques. En effet, le déplacement de la production vers des camions légers à haute valeur ajoutée et à marge bénéficiaire élevée dans la gamme de produits des constructeurs automobiles canadiens contribuera à augmenter la valeur du PIB de l’industrie. Ceci profitera également aux fabricants canadiens de pièces automobiles puisque les camions légers sont plus volumineux et nécessitent davantage de composantes par véhicule que les voitures de passagers. D’autres modèles ont récemment fait leur entrée dans la gamme de production canadienne, notamment les modèles RAV4 et Lexus NX de Toyota. Ces développements devraient venir augmenter la valeur et le volume d’achat de pièces automobiles au Canada à moyen terme. En plus de la transition vers des véhicules haut de gamme, les constructeurs automobiles investissent massivement dans le développement de technologies destinées aux véhicules électriques, connectés et autonomes. Des normes plus strictes en matière d’émission de gaz à effet de serre (GES) obligent les constructeurs automobiles à développer des véhicules plus économes en carburant, ce qui accélère l’allègement et l’électrification des différentes composantes qui entrent dans la fabrication des véhicules traditionnels. Ceci incitera les constructeurs automobiles à innover et à utiliser de nouveaux types de matériaux, ainsi que des procédés de design et de fabrication plus avancés. Heureusement, le Canada est bien positionné pour tirer avantage de ces nouveaux développements grâce à son corridor de haute technologie Toronto-Waterloo, à sa main-d’œuvre hautement qualifiée, ainsi qu’aux différents programmes financiers mis en œuvre par le gouvernement fédéral et celui de l’Ontario afin d’attirer les investissements et à renforcer la compétitivité des constructeurs automobiles et fabricants de pièces. Le Canada a également la capacité de devenir hautement compétitif à l’échelle mondiale dans la production de batteries pour les véhicules électriques grâce à ses importantes ressources minérales (telles que le graphite, le nickel, le cuivre, le lithium et le cobalt). Une grande partie des 8 milliards de dollars de l’initiative Accélérateur net zéro mise en place par le gouvernement fédéral sera consacrée à la création d’une chaîne d’approvisionnement nationale en matière de batteries à travers le pays.

Les relations commerciales du Canada avec les États-Unis se sont également améliorées. L’administration américaine a supprimé les droits de douane sur l’acier et l’aluminium au Canada, ce qui a permis de réduire les coûts des matériaux et d’augmenter les marges de profits des constructeurs automobiles, alors que le nouvel Accord entre le Canada, les États-Unis et le Mexique (ACEUM), qui stipule qu’une partie de la production soit assurée par des travailleurs gagnant au moins 16 dollars de l’heure, offrira certainement un avantage au Canada en réduisant l’écart salarial avec le Mexique. La valeur relativement faible du dollar canadien aidera également à stimuler les exportations et à réduire le coût de la main-d’œuvre canadienne par rapport aux États-Unis. Cependant, la production devrait plafonner quelque peu vers la fin de la période de projection, une fois qu’elle sera de retour à ses niveaux prépandémiques. En moyenne, on projette que le PIB de l’industrie augmentera à un taux annuel de 3,6 % sur la période 2022-2031, enregistrant la plus forte croissance parmi les industries manufacturières avec le matériel de transport aérospatial, ferroviaire et maritime. Malgré une amélioration substantielle de la croissance de la production, la croissance de l’emploi devrait ralentir par rapport à la décennie précédente, au taux moyen de 0,5 % par année, en raison d’un fort rebondissement de la productivité. Une première baisse de l’emploi est attendue en 2022, puisque l’industrie devrait s’adapter à des niveaux de production nettement inférieurs, après quoi l’emploi devrait croître de façon modérée jusqu’à ce qu’il excède légèrement ses niveaux prépandémiques et atteigne un plateau vers la fin de la période 2022-2031. Ainsi, la productivité sera la plus importante source de croissance de la production au cours de la prochaine décennie, en hausse de 3,1 % annuellement et enregistrant une partie considérable des gains en 2022. L’industrie devra continuer à améliorer son efficacité et sa compétitivité puisque les entreprises de haute technologie et les fabricants de produits électroniques sont de plus en plus présents dans les nouvelles technologies automobiles. Plusieurs usines de fabrication font l’objet de projets de modernisation à grande échelle afin de transformer leur chaîne de production pour les véhicules électriques et les batteries, ce qui implique d’adapter leur équipement de fabrication à des technologies de pointe plus efficaces. L’industrie continuera également de développer des processus de fabrication plus avancés, comme l’utilisation de l’intelligence artificielle et l’impression 3D pour produire des pièces automobiles plus légères.

Croissance du PIB réel et de l’emploi dans les véhicules automobiles, remorques et pièces

Ce graphique montre la croissance annuelle du PIB réel et de l’emploi au cours des périodes 2012 à 2021 et 2022 à 2031 dans les véhicules automobiles, remorques et pièces. Les données sont présentées dans le tableau à la suite de ce graphique

Sources : Statistique Canada (données historiques) et EDSC, projections industrielles 2022 du SPPC.

Version texte de la figure Croissance du PIB réel et de l’emploi dans les véhicules automobiles, remorques et pièces (moyenne annuelle, %)
  PIB réel Emploi
2012-2021 -1,3 1,2
2022-2031 3,6 0,5

Sources : Statistique Canada (données historiques) et EDSC, projections industrielles 2022 du SPPC.

[1]Les professions clés dans la plupart des industries manufacturières incluent également : Directeurs/directrices de la fabrication (0911); Mécaniciens/mécaniciennes de chantier et mécaniciens industriels/mécaniciennes industrielles (7311); Manutentionnaires (7452); Expéditeurs/expéditrices et réceptionnaires (1521); Conducteurs/conductrices de camion de transport (7511); Technologues et techniciens/techniciennes en génie industriel de fabrication (2233); Électriciens industriels/électriciennes industrielles (7242); et Ingénieurs/ingénieuses d’industrie et de fabrication (2141).Retour au texte.


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