Système de projection des professions au Canada (SPPC)
Sommaire industriel
Extraction de pétrole et de gaz
(SCIAN 2111)
Cette industrie comprend les établissements dont l’activité principale est l’exploitation de champs de pétrole ou de gaz, notamment l’exploration pétrolière et gazière, le forage, la complétion et l’équipement des puits ainsi que d’autres activités de préparation du pétrole et du gaz. Elle inclut l’exploitation de puits de pétrole par des techniques conventionnelles de pompage ainsi que l’exploitation de schiste argileux de surface ou de sables bitumineux par des méthodes non conventionnelles. La production non conventionnelle représente plus de 50 % de la production intérieure totale. Le Canada est le quatrième plus important producteur de pétrole brut au monde et le sixième plus important producteur de gaz naturel. L’Alberta a toujours été le principal producteur au pays, s’appropriant environ 75 % de la production totale de pétrole et de gaz, suivie de la Colombie Britannique (principalement du gaz), la Saskatchewan (principalement du pétrole), et Terre Neuve et Labrador (pétrole). Environ 80 % du pétrole brut et près de la moitié du gaz naturel produits au Canada sont exportés, principalement vers les États-Unis. D’autre part, plus du tiers du pétrole brut utilisé dans les raffineries domestiques et environ 20 % du gaz naturel consommé dans le pays sont importés. L’industrie comptait 101 500 travailleurs en 2021, largement concentrés en Alberta (83 %). La main-d’œuvre est en grande partie composée de travailleurs masculins (76 %) et les salaires sont parmi les plus élevés au pays, soit plus du double de la moyenne de l’ensemble des industries. Les professions clés (CNP à 4 chiffres) incluent :
- Foreurs/foreuses et personnel de mise à l’essai et des autres services reliés à l’extraction de pétrole et de gaz (8232)
- Entrepreneurs/entrepreneuses et surveillants/surveillantes du forage et des services reliés à l’extraction de pétrole et de gaz (8222)
- Ingénieurs/ingénieures de l’extraction et du raffinage du pétrole (2145)
- Opérateurs/opératrices de salle de commande centrale et de conduite de procédés industriels dans le raffinage du pétrole et le traitement du gaz et des produits chimiques (9232)
- Directeurs/directrices de l’exploitation des ressources naturelles et de la pêche (0811)
- Agents/agentes aux achats (1225)
- Mécaniciens/mécaniciennes de centrales et opérateurs/opératrices de réseaux électriques (9241)
- Géoscientifiques et océanographes (2113)
- Mécaniciens/mécaniciennes d’équipement lourd (7312)
- Mécaniciens/mécaniciennes de chantier et mécaniciens industriels/mécaniciennes industrielles (7311)
- Techniciens/techniciennes et mécaniciens/ mécaniciennes d’instruments industriels (2243)
- Tuyauteurs/tuyauteuses, monteurs/monteuses d’appareils de chauffage et poseurs/poseuses de gicleurs (7252)
- Manœuvres de forage et d’entretien des puits de pétrole et de gaz, et personnel assimilé (8615)
- Technologues et techniciens/techniciennes en géologie et en minéralogie (2212)
L’industrie canadienne de l’extraction de pétrole et de gaz a prospéré et a perduré à une époque où le marché de l’énergie a évolué sous différentes forces. Entre 2003 et 2008, le prix du pétrole brut a augmenté de façon marquée puisque la forte croissance économique en Chine et dans d’autres marchés émergents est venue accroître la demande mondiale de produits énergétiques. La hausse des prix a stimulé les investissements dans l’industrie et a contribué à l’exploitation des sables bitumineux de l’Alberta. Bien que la production et les prix ont fortement diminué pendant la récession de 2008-2009 en raison de la chute de la demande mondiale, ceux-ci se sont rapidement rétablis durant les deux années subséquentes. Par la suite, l’amélioration des technologies de forage et de fracturation a permis de débloquer d’énormes réserves de pétrole et de gaz de schiste en Amérique du Nord, particulièrement aux États-Unis qui ont réduit de façon considérable leur dépendance en matière d’importation énergétique. L’augmentation de la production américaine a incité les pays membres de l’OPEP à assouplir leurs quotas de production pour regagner des parts de marché, ce qui a entraîné une offre excédentaire sur le marché mondial et un effondrement des prix du pétrole brut en 2014-2015. Les prix du pétrole ont atteint un plancher en 2016, avant d’augmenter légèrement de 2017 à 2019. Malgré la faiblesse des prix, la production a continué de croître de 2014 à 2019, principalement soutenue par une plus grande capacité de production dans les sables bitumineux à la suite de nombreuses années d’investissements. Les prix et la production ont diminué de nouveau en 2020, car la demande mondiale a fortement chuté avec l’état d’urgence et les fermetures associés à la pandémie de COVID-19. La situation s’est inversée en 2021, lorsque les perturbations de l’offre, jumelée à une hausse de la demande, ont entraîné une flambée des prix du pétrole brut. Ceci s’est traduit par un taux de croissance moyen du PIB de l’industrie de 3,2 % par année sur l’ensemble de la période 2012-2021. Cependant, la croissance de l’emploi a été beaucoup plus modeste, enregistrant une moyenne annuelle de 0,8 %. Cela reflète des pertes d’emplois importantes suite à la baisse des investissements et des activités de forage découlant du choc pétrolier de 2014-2015, bien que l’emploi ait rebondi fermement en 2021 en réponse à la hausse des prix et de la production. La productivité a également augmenté de manière significative au cours de la dernière décennie (+2,4 % par année), contribuant à la majeure partie de la croissance de la production. La forte hausse de la productivité s’explique par les progrès réalisés dans les techniques de fracturation hydraulique et de forage à direction horizontale et le fait que la capacité de production dans les sables bitumineux a augmenté tout en devenant moins intensive en main-d’œuvre.
Les perspectives de croissance du PIB et de l’emploi pour l’industrie du pétrole et du gaz devraient faiblir considérablement sur la période de projection par rapport à la dernière décennie, principalement en raison d’une capacité limitée en matière de production et de pipelines et de la conversion de l’économie vers une plus grande électrification et énergie propre. Après avoir bondi en 2021, les prix du pétrole brut devraient demeurer élevés à court terme, car le manque d’investissement dans le pétrole nord-américain au cours des dernières années viendra limiter la capacité des producteurs à augmenter l’offre. Le conflit entre la Russie et l’Ukraine ajoute également un degré important d’incertitude quant à l’offre. Durant la première moitié de la période de projection, une hausse de la production de pétrole conventionnel alimentée par des prix élevés entraîneront une croissance continue du PIB. Par la suite, le ralentissement de la demande et l’augmentation de l’offre mondiale se traduiront par une baisse progressive des prix qui devraient demeurer sous les niveaux observés en 2021-2022, entraînant des perspectives plus faibles en matière de production sur la seconde moitié de la période de projection. Les consommateurs et les entreprises se tourneront vers des sources d’énergie moins polluantes, limitant également les perspectives de croissance de long terme. L’expansion de l’industrie pétrolière et gazière au Canada sera contrainte par le Plan de réduction des émissions du gouvernement fédéral, qui vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 % sous les niveaux de 2005 d’ici 2030 et à atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Un autre facteur contraignant est la trop faible capacité des pipelines pour permettre au Canada d’augmenter ses exportations vers les marchés internationaux. Par exemple, lors de l’invasion de l’Ukraine par la Russie au début de 2022, le Canada avait seulement la capacité de gérer une augmentation de 300 000 barils par jour. Sur une note plus positive, l’industrie démontre encore un certain potentiel de développement, comme en témoigne le projet de Bay Du Nord approuvé par le gouvernement en avril 2022. L’achèvement du Trans Mountain Pipeline permettra également d’augmenter la production de pétrole, alors que l’achèvement du Coastal GasLink Pipeline devrait accroître la production de gaz naturel destiné à l’exportation.
Dans l’ensemble, les perspectives de l’industrie pétrolière et gazière sont plutôt modestes pour l’Alberta et la Saskatchewan, bien que Terre-Neuve-et-Labrador bénéficiera d’une augmentation de la production extracôtière. On projette donc une croissance moyenne du PIB de 0,8 % par année sur la période 2022-2031. Ce ralentissement important par rapport à la décennie précédente devrait entraîner une baisse de l’emploi de 1,0 % annuellement en moyenne, car la productivité continuera à augmenter, bien qu’à un rythme plus modéré que par le passé (+1,8 % par année). La productivité sera donc le seul contributeur à la croissance du PIB, mais l’emploi devrait néanmoins demeurer supérieur aux niveaux observés entre 2016 et 2020, lorsque l’industrie fut sévèrement affectée par la faiblesse des prix et le manque de capacité en matière de pipelines. Les nouveaux gains de productivité proviendront en partie des progrès dans les technologies d’extraction et la conception d’installations modulaires. Toutefois, la croissance de la productivité devrait ralentir dans la seconde moitié de la période de projection, puisque la production dans les sables bitumineux (très intensive en capital) devrait passer de sa phase de croissance à sa phase de maturité.
Croissance du PIB réel et de l’emploi dans l'extraction de pétrole et de gaz
Sources : Statistique Canada (données historiques) et EDSC, projections industrielles 2022 du SPPC.
PIB réel | Emploi | |
---|---|---|
2012-2021 | 3,2 | 0,8 |
2022-2031 | 0,8 | -1,0 |
Sources : Statistique Canada (données historiques) et EDSC, projections industrielles 2022 du SPPC.