Système de projection des professions au Canada (SPPC)

Sommaire industriel

Commerce de détail

(SCIAN 4411-4543)

Cette industrie comprend les établissements dont l’activité principale consiste à vendre des marchandises au détail, généralement sans transformation, et à fournir des services connexes. Le commerce de détail est la dernière étape dans la distribution de marchandises en petites quantités au grand public. Les magasins d’alimentation représentent le plus important segment de l’industrie, totalisant 19 % de la production et 26 % de l’emploi en 2021. Les autres segments clés comprennent les concessionnaires de véhicules et pièces automobiles (15 % de la production et 11 % de l’emploi), les magasins de produits de santé et soins personnels (12 %, 10 %), les magasins de marchandises diverses (11 %, 12 %), les magasins de vêtements (8 %, 8 %), et les marchands de matériaux de construction et de matériel et fournitures de jardinage (8 %, 8 %). Avec un total de 2,2 millions de travailleurs en 2021, l’industrie du commerce de détail était le plus important employeur au Canada. La main-d’œuvre est caractérisée par une forte concentration de jeunes (31 % des travailleurs sont âgés de 15 à 24 ans) et travailleurs à temps partiel (35 %). L’emploi est réparti en fonction des populations provinciales, soit 37 % en Ontario, 23 % au Québec, 15 % en Colombie-Britannique, 12 % en Alberta, et 13 % dans les autres provinces. La main-d’œuvre est composée d’une légère majorité de travailleurs féminins (51 %) et les professions clés (CNP à 4 chiffres) incluent :

  • Vendeurs/vendeuses – commerce de détail (6421)
  • Caissiers/caissières (6611)
  • Directeurs/directrices – commerce de détail et de gros (0621)
  • Superviseurs/superviseuses des ventes – commerce de détail (6211)
  • Garnisseurs/garnisseuses de tablettes, commis et préposés/préposées aux commandes dans les magasins (6622)
  • Bouchers/bouchères, coupeurs/coupeuses de viande et poissonniers/poissonnières – commerce de gros et de détail (6331)
  • Autres technologues et techniciens/techniciennes des sciences de la santé (sauf soins dentaires) (3219)
  • Mécaniciens/mécaniciennes et réparateurs/réparatrices de véhicules automobiles,
  • de camions et d’autobus (7321)
  • Manutentionnaires (7452)
  • Pharmaciens/pharmaciennes (3131)
  • Expéditeurs/expéditrices et réceptionnaires (1521)
  • Autres préposés/autres préposées aux services d’information et aux services à la clientèle (6552)
  • Serveurs/serveuses au comptoir, aides de cuisine et personnel de soutien assimilé (6711)
  • Autre personnel assimilé des ventes (6623)
  • Bijoutiers/bijoutières, réparateurs/réparatrices de bijoux, horlogers-rhabilleurs/horlogères-rhabilleuses et personnel assimilé (6344)
  • Développeurs/développeuses de films et de photographies (9474)
  • Chauffeurs-livreurs/chauffeuses-livreuses – services de livraison et de messagerie (7514)
  • Boulangers-pâtissiers/boulangères-pâtissiers (6332)
  • Acheteurs-acheteuses des commerces de détail et de gros (6222)
  • Préposées/préposées de station-service (6621)
  • Superviseurs/superviseures du personnel de coordination de la chaîne d’approvisionnement, du suivi et des horaires (1215)
  • Commis à la comptabilité et personnel assimilé (1431)
  • Nettoyeurs spécialisés/nettoyeuses spécialisées (6732)
  • Conducteurs/conductrices de camions de transport (7511)
  • Commis aux achats et au contrôle de l’inventaire (1524)
  • Opticiens/opticiennes d’ordonnances (3231)
  • Autres préposés/préposées à la poste et à l’entretien des pièces mécaniques d’automobiles (7535)
  • Magasins/magasinières et commis aux pièces (1522)
  • Autres réparateurs/réparatrices et préposés/préposées à l’entretien (7445)
  • Mécaniciens/mécaniciennes de motocyclettes, de véhicules tout-terrain et personnel mécanicien assimilé (7334)

Le commerce de détail dépend essentiellement des dépenses de consommation au Canada et les facteurs de croissance pour cette industrie sont très similaires à ceux du commerce de gros puisque ces deux industries sont fortement intégrées. Bien que l’industrie soit surtout orientée vers le marché intérieur, l’avènement du commerce électronique est venu augmenter le volume du commerce international de marchandises, exposant davantage les détaillants canadiens à la concurrence étrangère, mais créant aussi de nouvelles opportunités de marché à l’extérieur du pays. Après avoir subi les contrecoups de la récession de 2008-2009, le PIB de l’industrie s’est rapidement redressé en 2010 et a continué de croître à un rythme soutenu jusqu’en 2019, à l’exception d’un déclin temporaire en 2015, causé par le ralentissement de l’économie canadienne découlant de la chute des prix du pétrole brut. Pendant la majeure partie de la dernière décennie, l’industrie a bénéficié d’une croissance continue des dépenses de consommation, stimulée par une forte création d’emplois, une baisse du chômage, une augmentation des salaires, une inflation stable et de faibles taux d’intérêt. Toutefois, la production a reculé de façon considérable en 2020, durant la première année de la pandémie de COVID-19, puisque l’état d’urgence et la fermeture de l’économie a entraîné une baisse temporaire des dépenses de consommation (à l’exception des dépenses en biens non durables tels que les produits alimentaires et boissons). La production s’est rapidement ressaisie en 2021, augmentant de 7,4 %, puisque la hausse du revenu disponible (découlant des programmes de soutien gouvernementaux et d’une accumulation considérable de l’épargne) a entraîné un rebond des dépenses de consommation et une flambée de l’investissement résidentiel. Plus précisément, avec la poursuite des politiques de confinement à domicile et de télétravail, les dépenses de consommation se sont déplacées vers les biens et de nombreux ménages ont fait l’acquisition d’une maison plus spacieuse ou d’une nouvelle maison en dehors des zones urbaines, ou ont entrepris des travaux de rénovation, stimulant l’activité de revente, la construction de nouveaux logements et les dépenses de rénovation. Ces développements ont alimenté les achats de divers biens durables et semi-durables, tels que du mobilier, des fournitures de bureau et du matériel informatique, des matériaux de construction, des appareils ménagers, des articles de loisirs et de sport, etc. Le taux de croissance du PIB de l’industrie s’est ainsi établi à 2,0 % par année en moyenne sur la période 2012-2021.

Après avoir atteint un sommet en 2019, l’emploi a fortement chuté en 2020, avant de rebondir en 2021, mais sans pleinement récupérer les emplois perdus durant la première année de la pandémie. Ces fluctuations ont abaissé la croissance de l’emploi à un taux annuel moyen de 0,7 % au cours des dix dernières années, faisant de la croissance de la productivité (+1,3 % par année) le plus important contributeur à la croissance de la production. Les nouvelles technologies, comme les dispositifs d’identification par radiofréquence, les logiciels de planification des horaires, les systèmes de gestion des inventaires, les kiosques libre-service et le commerce électronique, ont remplacé un grand nombre de tâches traditionnellement exécutées par des travailleurs, particulièrement celles associées au suivi, à l’expédition et à l’entreposage des marchandises. Le haut niveau de concurrence qui caractérise l’industrie a aussi contraint plusieurs entreprises à fermer des magasins et à réduire leurs effectifs pour contenir les coûts de main-d’œuvre. Certaines chaînes de magasins bien établies auparavant ont cessé leurs activités, alors que d’autres chaînes étrangères ont pris de l’expansion à travers le Canada. L’augmentation du salaire minimum a également encouragé les entreprises à adopter de nouvelles technologies et à accroître leur productivité afin de maintenir leurs marges de profits.

Au cours de la période 2022-2031, on projette que la croissance de la production faiblira sensiblement dans le commerce de détail par rapport à la décennie précédente, principalement en raison d’une croissance plus lente des dépenses de consommation destinées aux biens. En effet, le taux de croissance du PIB de l’industrie devrait ralentir de façon marquée de 2022 à 2024, puisque les dépenses de consommation devraient se recentrer vers les services (en raison d’une surconsommation de biens durant la pandémie et de l’accumulation d’une demande refoulée pour certains services). La forte inflation et la hausse des taux d’intérêt et des taux hypothécaires devraient également venir freiner la croissance des dépenses de consommation (en particulier pour les articles coûteux) et réduire l’investissement résidentiel à court et moyen terme. Lorsque l’inflation reviendra à son taux cible de 2 %, la croissance du PIB dans le commerce de détail devrait s’améliorer légèrement. Toutefois, le ralentissement graduel de la croissance de la population active au Canada viendra contraindre la croissance de l’emploi à long terme, alors que le vieillissement de la population se traduira par des départs massifs à la retraite pour les baby-boomers. Ces deux facteurs viendront restreindre la hausse du revenu disponible et, par conséquent, la croissance des dépenses de consommation, incluant les dépenses en biens durables, semi-durables et non durables vendus par les détaillants. Les ménages plus âgés ont également tendance à consommer davantage de services et légèrement moins de biens, réduisant ainsi la part des biens dans l’ensemble des dépenses de consommation en raison du vieillissement de la population. En revanche, des prix élevés à l’importation occasionnés par la valeur relativement faible du dollar canadien (on anticipe qu’elle demeurera inférieure à 0,80 dollar américain) devrait continuer d’encourager les Canadiens, particulièrement ceux situés près de la frontière des États-Unis, à magasiner au Canada, ce qui contribuera à soutenir les revenus des magasins de détail au pays. Les changements dans les habitudes d’achat continueront également à influencer les perspectives en matière de commerce de détail. À mesure que le commerce électronique prendra de l’expansion, les détaillants canadiens feront face à une intensification de la concurrence sur les marchés mondiaux, mais ils pourront aussi tirer profit de nouvelles opportunités commerciales à l’extérieur du pays. De plus, les entreprises désirant exporter des marchandises à l’étranger bénéficieront d’une position concurrentielle favorable puisqu’on anticipe que la valeur du dollar canadien demeurera plutôt faible sur la prochaine décennie.

On projette que le PIB de l’industrie augmentera à un taux moyen de 1,6 % par année sur la période 2022-2031. Malgré une croissance plus lente de la production par rapport à la décennie précédente, la croissance de l’emploi devrait demeurée inchangée au taux moyen de 0,7 % par année, principalement alimentée par de fortes hausses en 2022, car plusieurs segments de l’industrie sont encore en train de récupérer les emplois perdus durant la pandémie. À partir de 2023, la croissance de l’emploi devrait ralentir puisque la transition vers les achats en ligne continuera d’accroître la concurrence et de réduire les marges de profit, obligeant les détaillants à réduire leurs coûts de main-d’œuvre et à adopter de nouvelles technologies afin d’améliorer leur productivité. Une plus grande utilisation des kiosques libre-service et des points de vente automatisés devraient venir limiter l’embauche, en particulier pour les caissiers, mais aussi pour les travailleurs du commerce de détail impliqués dans la gestion des ventes, des inventaires et des clients. En moyenne, la productivité devrait augmenter de 0,9 % par année sur la période de projection. Ce ralentissement de la croissance par rapport à la décennie précédente s’explique essentiellement par la forte hausse de l’emploi anticipée en 2022.

Croissance du PIB réel et de l’emploi dans le commerce de détail

Ce graphique montre la croissance annuelle du PIB réel et de l’emploi au cours des périodes 2012 à 2021 et 2022 à 2031 dans le commerce de détail. Les données sont présentées dans le tableau à la suite de ce graphique

Sources : Statistique Canada (données historiques) et EDSC, projections industrielles 2022 du SPPC.

Version texte de la figure Croissance du PIB réel et de l’emploi dans le commerce de détail (moyenne annuelle, %)
  PIB réel Emploi
2012-2021 2,0 0,7
2022-2031 1,6 0,7

Sources : Statistique Canada (données historiques) et EDSC, projections industrielles 2022 du SPPC.


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