Système de projection des professions au Canada (SPPC)

Sommaire industriel

Services d'information, culture et télécommunications

(SCIAN 5111-5112; 5121-5122; 5151-5152; 5171-5179; 5182; 5191)

Cette industrie comprend six segments distincts : édition (journaux, magazines, livres et logiciels); production de films et enregistrements sonores (films cinématographiques, vidéos, émissions télévisées, publicités, enregistrements musicaux); radiodiffusion et télédiffusion (réseaux radiophoniques et télévisuels, incluant les chaînes payantes et spécialisées, mais excluant la radiodiffusion et télédiffusion par Internet); télécommunications (services téléphoniques, télévisuels et services Internet par l’intermédiaire de réseaux filaires, câble coaxial, fibre optique, technologies sans fil et satellite); traitement et hébergement de données et services connexes (saisie, stockage et analyse de données, hébergement de sites Web, diffusion en continu de musique et de films); et autres services d’information (agences de presse, bibliothèques et archives, radiodiffusion et télédiffusion de contenu sous forme de textes ou de signaux audio/vidéo par Internet, sites portails de recherche). La production et l’emploi sont répartis de façon très inégale entre les six segments. Les services de télécommunications représentent le segment le plus important et le plus intensif en capital, totalisant 58 % de la production et 34 % de l’emploi en 2021. Ce segment est également le plus fortement concentré puisque cinq compagnies se partagent environ 85% des revenus. En comparaison, la production de films et les enregistrements sonores représentent le segment le plus intensif en main-d’œuvre, totalisant seulement 7 % de la production mais 23 % de l’emploi. Les services d’édition totalisaient 18 % de la production et 19 % de l’emploi, comparativement à 18 % et 22 % respectivement pour les trois segments restants. Dans l’ensemble, l’industrie comptait 393 500 travailleurs en 2021, principalement concentrés en Ontario (44 %), au Québec (22 %) et en Colombie-Britannique (18 %). La main-d’œuvre est majoritairement composée de travailleurs masculins (62 %). Étant donné la grande variété d’activités, les professions clés (CNP à 4 chiffres) incluent une combinaison de :

  • Producteurs/productrices, réalisateurs/réalisatrices, chorégraphes et personnel assimilé (5131)
  • Installateurs/installatrices et réparateurs/réparatrices de matériel de télécommunications (7246)
  • Commis et assistants/assistantes dans les bibliothèques (1451)
  • Designers graphiques et illustrateurs/illustratrices (5241)
  • Agents/agentes de soutien aux utilisateurs (2282)
  • Analystes et consultants/consultantes en informatique (2171)
  • Directeurs/directrices d’entreprises de télécommunications (0131) Programmeurs/programmeuses et développeurs/ développeuses en médias interactifs (2174)
  • Journalistes (5123)
  • Personnel de soutien du cinéma, de la radiotélédiffusion, de la photographie et des arts de la scène (5227)
  • Techniciens/techniciennes en enregistrement audio et vidéo (5225)
  • Réviseurs/réviseures, rédacteurs-réviseurs/ rédactrices-réviseures et chef du service des nouvelles (5122)
  • Ingénieurs informaticiens/ingénieures informaticiennes (2147)
  • Techniciens/techniciennes de réseau informatique (2281)
  • Messagers/messagères et distributeurs/distributrices porte-à-porte (1513)
  • Gestionnaires des systèmes informatiques (0213)
  • Monteurs/monteuses de lignes et de câbles de télécommunications (7245)
  • Autre personnel technique et personnel de coordination du cinéma, de la radiotélédiffusion et des arts de la scène (5226)
  • Cadreurs/cadreuses de films et cadreurs/cadreuses vidéo (5222)
  • Annonceurs/annonceuses et autres communicateurs/communicatrices (5231)
  • Ingénieurs/ingénieures et concepteurs/conceptrices en logiciel (2173)
  • Directeurs/directrices – édition, cinéma, radiotélédiffusion et arts de la scène (0512)
  • Bibliothécaires (5111)
  • Techniciens/techniciennes en montage et en entretien d’installations de câblodistribution (7247)
  • Techniciens/techniciennes en graphisme (5223)
  • Techniciens/techniciennes dans les bibliothèques et les services d’archives publiques (5211)
  • Techniciens/techniciennes en radiotélédiffusion (5224)

Les technologies numériques ont transformé la façon dont les produits d’information et les produits culturels sont conçus, distribués et consommés, et les fournisseurs de services de télécommunications jouent un rôle de premier plan pour rendre ces produits accessibles au public. L’industrie repose essentiellement sur les dépenses des ménages et des entreprises au Canada et est donc particulièrement sensibles aux fluctuations de la conjoncture économique au pays, quoique le segment des télécommunications semble être relativement résilient en période de ralentissement économique. Après avoir subi un léger déclin durant la récession de 2008-2009, la production a augmenté à un rythme accéléré de 2010 à 2019, enregistrant une solide croissance dans tous les segments de l’industrie, à l’exception de la radiodiffusion-télédiffusion qui a affiché une croissance négative. Au cours de cette période, l’industrie a bénéficié de la forte demande pour la téléphonie mobile, l’Internet à haute vitesses et les services de streaming de musique et de films, ainsi que de la diffusion d’un volume accru de contenu sur Internet (informations, données, actualités, publicités, médias sociaux, contenu audio/vidéo, livres, etc.). La radiodiffusion-télédiffusion (qui exclut la diffusion par Internet) a été le seul segment à enregistrer une baisse de sa production avant la pandémie. Ceci peut s’expliquer par le déplacement des habitudes de consommation vers le contenu en ligne et la diffusion en continu de musique et de films (comme Spotify, Youtube, Netflix et Amazon Prime) qui est venu réduire la demande et les recettes publicitaires dans les réseaux traditionnels de radio et de télévision. Le PIB de l’industrie a reculé de façon temporaire en 2020, durant la première année de la pandémie de COVID-19, car les mesures sanitaires, le confinement à domicile et la distanciation physique sont venus réduire l’activité dans plusieurs segments comme la production de films et l’enregistrement sonore. Toutefois, les individus ont continué à utiliser les services de télécommunications pour le travail, les achats en ligne, les activités sociales et les divertissements, ce qui a entraîné une croissance supplémentaire dans ce segment. Le traitement et l’hébergement de données et services connexes, qui comprennent les services de streaming de musique et de films, ont également enregistré une croissance supplémentaire.

En moyenne, le PIB pour l’ensemble de l’industrie a progressé de 2,4 % par année sur la période 2012-2021. Malgré une solide croissance de la production avant la pandémie, l’emploi a suivi une tendance baissière, reculant à un rythme moyen de 2,2 % par année de 2012 à 2019, en raison de déclins significatifs dans les segments de la radiodiffusion, des télécommunications et de l’édition. Toutefois, la situation s’est inversée pendant la pandémie, car les individus ont consommé un volume croissant de services d’information, de culture et de télécommunications à partir de leur domicile, entraînant un rebond substantiel de l’emploi dans l’ensemble de l’industrie (+8,8 % en 2020 et +14,1 % en 2021). Ces gains ont été suffisamment importants pour surpasser les baisses enregistrées au cours des huit années précédentes, ce qui s’est traduit par une croissance positive de l’emploi de 0,3 % annuellement en moyenne sur l’ensemble de la période 2012-2021. Cela signifie que la hausse de la production est entièrement provenue de la croissance de la productivité avant la pandémie (puisque l’emploi a diminué) et de la croissance de l’emploi pendant la pandémie (puisque la productivité a diminué). Dans l’ensemble, la croissance de la productivité a été de 2,3 % par année au cours de la dernière décennie, reflétant une réduction importante des effectifs dans plusieurs segments de l’industrie avant la pandémie et le fait que les services de télécommunications sont fortement intensifs en capital.

Au cours de la période de projection, la croissance du PIB de l’industrie devrait être plus modérée que celle observée durant la période 2012-2021 et se rapprocher davantage du rythme anticipé pour l’ensemble de l’économie. Plus précisément, la croissance du PIB devrait demeurer robuste en 2022 (+6,0 %), avant de ralentir en 2023-2024, puisque la forte inflation et la hausse des taux d’intérêt pèseront sur la demande intérieure finale, incluant les dépenses de consommation et les investissements des entreprises. La croissance de la production devrait s’améliorer légèrement à moyen terme, alimentée par une certaine reprise cyclique, et demeurer autour du rythme anticipé pour l’économie canadienne durant la seconde moitié de la période de projection. L’industrie continuera d’être soutenue par une demande robuste pour le contenu en ligne et des exigences toujours croissantes pour la transmission et le stockage de données. Plus spécifiquement, le déplacement de la distribution et de la consommation de produits d’information et de produits culturels vers les médias numériques continuera à alimenter la demande pour la publication de contenu en ligne et les services de streaming de musique et de films, stimulant la croissance dans les segments du traitement et de l’hébergement de données et des autres services d’information. Le segment des télécommunications continuera également de bénéficier du volume croissant de données utilisées par les consommateurs et les entreprises sur leurs appareils mobiles et leurs connexions Internet filaires, suite à la popularité des applications de diffusion en continu, des plateformes infonuagiques, des technologies de communications unifiées et des solutions de sécurité cybernétique. Le regain de croissance anticipé dans les investissements en machines et équipements (incluant les investissements dans les technologies de l’information et des communications) est un autre facteur qui devrait venir augmenter les dépenses liées aux services de télécommunications.

La prochaine génération de réseaux sans fil jouera également un rôle central, grâce au déploiement des technologies 5G au Canada. À long terme, les réseaux 5G permettront des téléchargements plus rapides et amélioreront les performances des systèmes d’information et de communication, notamment pour les voitures intelligentes et l’Internet des objets (IdO), créant de nouveaux débouchés commerciaux. De plus, la popularité grandissante des plateformes en ligne pour la diffusion de musique et de films devrait continuer à soutenir la croissance du PIB et de l’emploi dans le segment des films et des enregistrements sonores, alors que la valeur relativement faible du dollar canadien maintiendra la compétitivité du Canada en tant que lieu de production de séries télévisées et de films américains. Netflix a annoncé l’ouverture de son premier bureau canadien à Toronto. Ce premier bureau corporatif rejoindra les studios actuels de Netflix à Toronto et à Vancouver et renforcera la reconnaissance de l’industrie cinématographique au Canada. En revanche, le PIB et l’emploi dans le segment traditionnel de la radiodiffusion-télédiffusion continuera à décliner, quoique ce segment devrait éventuellement atteindre un nouvel équilibre et s’ajuster aux perturbations causées par la révolution numérique.

On projette que le PIB de l’ensemble de l’industrie augmentera à un taux moyen de 1,8 % par année sur l’horizon 2022-2031. Malgré une croissance plus lente de la production par rapport à la décennie précédente, la croissance de l’emploi devrait accélérer pour se situer à 0,8 % par année, en raison d’une hausse plus modeste de la productivité qui devrait augmenter de 1,0 % annuellement. On anticipe que le segment des télécommunications, qui constitue le pilier de toutes les activités utilisant la connectivité Internet, créera de nouveaux emplois, particulièrement dans les domaines qui exigent des compétences spécialisées comme les professionnels des TI et des experts en traitement de données. L’emploi devrait également augmenter dans la plupart des autres segments de l’industrie, incluant la production de films et l’enregistrement sonore. Puisque ce segment est très intensif en main-d’œuvre, cela devrait venir freiner la croissance de la productivité dans l’industrie. L’effort de connectivité des zones rurales aux services à large bande est un autre facteur pouvant expliquer le ralentissement anticipé dans la croissance de la productivité, puisque l’installation d’infrastructures dans des zones reculées est coûteuse et n’améliore généralement pas la productivité. Les coûts élevés du capital et de la main-d’œuvre liés au déploiement des réseaux 5G pourraient également venir contraindre la hausse de la productivité à court et moyen terme. Néanmoins, la croissance de la productivité demeurera la plus importante source de croissance du PIB dans l’industrie au cours de la période de projection, grâce à la rapidité des progrès dans les technologies numériques et de télécommunication.

Croissance du PIB réel et de l’emploi dans les services d’information, culture et télécommunications

Ce graphique montre la croissance annuelle du PIB réel et de l’emploi au cours des périodes 2012 à 2021 et 2022 à 2031 dans les services d’information, culture et télécommunications. Les données sont présentées dans le tableau à la suite de ce graphique

Sources : Statistique Canada (données historiques) et EDSC, projections industrielles 2022 du SPPC.

Version texte de la figure Croissance du PIB réel et de l’emploi dans les services d’information, culture et télécommunications (moyenne annuelle, %)
  PIB réel Emploi
2012-2021 2,4 0,3
2022-2031 1,8 0,8

Sources : Statistique Canada (données historiques) et EDSC, projections industrielles 2022 du SPPC.


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