Système de projection des professions au Canada (SPPC)
Sommaire industriel
Arts, spectacles et loisirs
(SCIAN 7111-7115; 7121; 7131-7139)
Cette industrie comprend les établissements dont l’activité principale consiste à exploiter des installations ou à fournir des services visant à répondre aux intérêts de leurs clients en matière de culture, de divertissement et de loisirs, y compris des spectacles, des activités et des expositions destinées au public. Elle est composée de trois segments distincts : arts d’interprétation, sports-spectacles et activités connexes (spectacles mettant en scène des acteurs, chanteurs, danseurs, musiciens, auteurs, athlètes et leurs agents, gérants et techniciens respectifs); établissements du patrimoine (musées, sites historiques, zoos, jardins botaniques, parcs naturels); et divertissement, loisirs, jeux de hasard et loteries (comme les terrains de golf, centres de ski, marinas, centres de loisirs, de sport et de conditionnement physique, salles de quilles, parcs d’attractions, arcades, casinos, etc.). Les activités reliées au divertissement, loisirs, jeux de hasard et loteries représentent le plus important segment, totalisant 59 % de la production et de l’emploi en 2021. Les deux autres segments se partageaient la part restante de la production (c.-à-d. 41 %; ventilation non disponible pour le PIB). Les arts d’interprétation, sports-spectacles et activités connexes totalisaient 32 % de l’emploi, comparativement à 10 % pour les établissements du patrimoine. Dans l’ensemble, l’industrie comptait 328 400 travailleurs en 2021 (comparativement à 445 400 en 2019), principalement concentrés en Ontario (40 %), au Québec (20 %), en Colombie-Britannique (17 %) et en Alberta (11 %). La main-d’œuvre est répartie en part égales entre les hommes et les femmes et est caractérisée par une forte proportion de travailleurs à temps partiel (36 %). Le segment des arts d’interprétation, sports-spectacles et activités connexes est aussi caractérisé par une proportion élevée de travailleurs indépendants (65 %). Étant donné la grande variété d’activités, les professions clés (CNP à 4 chiffres) incluent une combinaison de :
- Animateurs/animatrices et responsables de programmes de sports, de loisirs et de conditionnement physique (5254)
- Opérateurs/opératrices et préposés/préposées aux sports, aux loisirs et dans les parcs d’attractions (6722)
- Auteurs/auteurs, rédacteurs/rédactrices et écrivains/écrivaines (5121)
- Acteurs/actrices et comédiens/comédiennes (5135)
- Musiciens/musiciennes et chanteurs/chanteuses (5133)
- Peintres, sculpteurs/sculpteures et autres artistes des arts visuels (5136)
- Manœuvres en aménagement paysager et en entretien des terrains (8612)
- Entraîneurs/entraîneuses (5252)
- Directeurs/directrices de l’exploitation et de l’entretien d’immeubles (0714)
- Personnel technique des musées et des galeries d’art (5212)
- Personnel préposé au jeu dans les casinos (6533)
- Arbitres et officiels/officielles de sports (5253)
- Autres artistes de spectacle, n.c.a. (5232)
- Artisans/artisanes (5244)
- Superviseurs/superviseures des services d’hébergement, de voyage, de tourisme et des services connexes (6313)
- Restaurateurs/restauratrices et conservateurs/conservatrices (5112)
- Producteurs/productrices, réalisateurs/réalisatrices, chorégraphes et personnel assimilé (5131)
- Recherchistes, experts-conseils/experts-conseils et agents/agentes de programme en sports, en loisirs et en conditionnement physique (4167)
- Autre personnel technique et personnel de coordination du cinéma, de la radiotélédiffusion et des arts de la scène (5226)
- Planificateurs/planificatrices de congrès et d’événements (1226)
- Directeurs/directrices de programmes et de services de sports, de loisirs et de conditionnement physique (0513)
- Techniciens/techniciennes en enregistrement audio et vidéo (5225)
- Guides d’activités récréatives et sportives de plein air (6532)
- Personnel de soutien du cinéma, de la radiotélédiffusion, de la photographie et des arts de la scène (5227)
- Chefs d’orchestre, compositeurs/compositrices et arrangeurs/arrangeuses (5132)
- Directeurs/directrices de bibliothèques, des archives, de musées et de galerie d’art (0511)
- Directeurs/directrices – édition, cinéma, radiotélédiffusion et arts de la scène (0512)
- Athlètes (5251)
- Guides touristiques et guides itinérants/guides itinérantes (6531)
L’industrie repose en grande partie sur les dépenses de consommation et les activités touristiques, ce qui la rend particulièrement sensible aux fluctuations économiques sur la scène nationale et internationale, de même qu’aux changements dans les dépenses discrétionnaires. L’industrie repose aussi en grande partie sur le financement public, particulièrement sur les subventions dédiées aux organisations artistiques. Après avoir subi les contrecoups de la récession de 2008-2009, la production dans l’industrie a atteint un creux en 2010 et est demeurée stagnante au cours des trois années suivantes, car les consommateurs sont demeurés prudents face à la conjoncture économique, limitant leurs dépenses discrétionnaires. La production s’est redressée de façon substantielle de 2014 à 2019, stimulée par le dégel de la demande refoulée et par des événements sportifs et historiques de grande envergure tenus au Canada en 2015 et 2017 (Jeux panaméricains, la Coupe du monde féminine de soccer de la FIFA, le 150e anniversaire de la Confédération canadienne et le 375e anniversaire de la ville de Montréal). La dépréciation du dollar canadien en 2014-2015 et le fait que le Canada a été reconnu comme la meilleure destination touristique par Lonely Planet et le New York Times en 2017 ont aussi attiré un grand nombre de touristes étrangers au Canada, surtout des Américains, et incité davantage de Canadiens à demeurer au pays pour leurs vacances, augmentant la demande pour des activités artistiques et récréatives durant les années prépandémiques.
Cependant, l’industrie a été dévastée par la pandémie de COVID-19, puisque le confinement à domicile, les mesures de distanciation physique et les restrictions de voyages ont entraîné une chute drastique de 41% de la production pour la seule année 2020. Plusieurs types d’activités dans les trois segments de l’industrie ont été touchés (concerts, événements sportifs, cinémas, théâtres, musées, casinos, centres de conditionnement physique, sports de contact, etc.). Avec la poursuite des mesures sanitaires, la production a difficilement rebondi en 2021 (+4,4 %), demeurant largement inférieur à son niveau prépandémique. Le PIB de l’industrie a ainsi enregistré un déclin de 2,9 % par année en moyenne sur l’ensemble de la période 2012-2021, quoique cet indicateur masque le fait que l’industrie a connu une croissance décente avant la pandémie (+2,5 % annuellement). Après avoir atteint un sommet en 2019, l’emploi a chuté de 24 % en 2020 et de 3,0 % en 2021, ce qui s’est traduit par une baisse annuelle moyenne de 1,7 % au cours de la dernière décennie. Encore une fois, cet indicateur masque le fait que la totalité du recul de l’emploi s’est produit pendant la pandémie. Puisque la baisse de la production observée en 2020 a été plus prononcée que celle de l’emploi, la productivité a chuté de façon substantielle cette année-là, ce qui s’est traduit par une diminution de 1,2 % par année en moyenne sur l’ensemble de la période 2012-2021 (mais la productivité a connu une croissance positive avant la pandémie).
Au cours de la période de projection, la croissance du PIB dans les arts, spectacles et loisirs devrait revenir en territoire positif et se redresser de façon marquée, à mesure que l’industrie se remet graduellement de la pandémie. La levée des mesures sanitaires; la réouverture à pleine capacité des salles de concert, des stades, des cinémas, des théâtres, des musées, des casinos et des centres de conditionnement physique; l’accumulation d’une demande refoulée pour une large gamme de services offerts par l’industrie; et la reprise des activités de voyage et de tourisme sont autant de facteurs qui entraîneront un rebond substantiel de la production en 2022 (+32 %). Toutefois, la croissance devrait ralentir en 2023-2024, puisque la forte inflation et la hausse des taux d’intérêt pèseront sur les budgets des ménages et les profits des entreprises, limitant la croissance des dépenses discrétionnaires liées aux arts, spectacles et loisirs, qui sont généralement perçus comme des activités non essentielles. Une fois que l’inflation aura retrouvé son taux cible de 2 %, les taux d’intérêt devraient commencer à diminuer, ce qui contribuera à soutenir le revenu disponible et les profits corporatifs, permettant aux individus et aux entreprises d’augmenter leurs dépenses discrétionnaires et à l’industrie de fermer l’écart avec les niveaux prépandémiques en termes de production et d’emploi. L’industrie devrait bénéficier du retrait massif des baby-boomers du marché du travail, puisque ce groupe démographique imposant et relativement aisé aura plus de temps à consacrer aux activités de loisirs. On prévoit que les baby-boomers hériteront de montants substantiels en richesse et en actifs au cours de la prochaine décennie, ce qui représente une source additionnelle de revenus à consacrer aux activités artistiques et récréatives (ceci aidera à contrebalancer le ralentissement anticipé dans la croissance du revenu disponible et des dépenses de consommation suite au ralentissement graduel de la croissance de l’emploi au Canada). L’activité touristique continuera à bénéficier de la faiblesse de la devise, de la robustesse du marché du travail (plein emploi) au Canda et aux États-Unis et au Canada, et du fait que le Canada sera parmi les trois pays qui accueillera la Coupe du monde de la FIFA 2026 (avec les États-Unis et le Mexique). De plus, la demande pour les centres de mise en forme continuera d’augmenter en raison d’une plus grande sensibilisation à la santé et une diversification des services. Le vieillissement de la population canadienne entraînera également une hausse de la demande pour des services de conditionnement physique mieux adaptés et à plus grande valeur ajoutée, contribuant aussi à la croissance de l’industrie.
On projette que le PIB de l’industrie croîtra à un taux moyen de 5,0 % par année sur la période 2022-2031, en partie grâce à une forte augmentation durant la première année de la projection. L’important rebond de la production par rapport à la décennie précédente devrait également entraîner une reprise notable de l’emploi au taux annuel de 3,5 % en moyenne, enregistrant environ la moitié des gains en 2022-2023, à mesure que l’industrie récupère progressivement les emplois perdus pendant la pandémie. Par la suite, la création d’emplois devrait ralentir en raison d’une croissance plus lente de la production et des gains supplémentaires en matière de productivité. Dans l’ensemble, la productivité devrait se redresser à un rythme moyen de 1,5 % par année sur la prochaine décennie, enregistrant elle aussi une grande partie des gains en 2022 en réponse aux ajustements postpandémiques et aux frictions dans l’offre de main-d’œuvre, en particulier dans les arts d’interprétation, sports-spectacles et activités connexes. Puisqu’un nombre important d’organismes artistiques et culturels sont à but non lucratif, l’industrie dépend de bénévoles pour appuyer le personnel rémunéré, un facteur important à considérer pour l’évolution future de l’emploi et de la productivité. Au moment où la génération des baby-boomers arrive à l’âge de la retraite, ce groupe démographique aura davantage de temps libre, non seulement pour consommer la production de l’industrie, mais aussi pour y contribuer en tant que bénévoles, ce qui permettra à l’industrie d’augmenter sa production sans nécessairement embaucher de nouveaux travailleurs rémunérés. Un autre facteur qui devrait contribuer à augmenter la productivité est l’investissement en capital. De nombreuses installations culturelles et récréatives datant des années 1960 et 1970 pourront être rénovées et modernisées grâce au programme d’infrastructure mis en place par le gouvernement fédéral. Le renouvellement de ces installations devrait permettre d’améliorer la qualité des services, d’accroître la participation et, ultimement, d’augmenter la production dans l’industrie. La rapidité des innovations technologiques dans le domaine du divertissement virtuel est un autre facteur qui devrait accroître la productivité au cours de la période de projection.
Croissance du PIB réel et de l’emploi dans les arts, spectacles et loisirs
Sources : Statistique Canada (données historiques) et EDSC, projections industrielles 2022 du SPPC.
PIB réel | Emploi | |
---|---|---|
2012-2021 | -2,9 | -1,7 |
2022-2031 | 5,0 | 3,5 |
Sources : Statistique Canada (données historiques) et EDSC, projections industrielles 2022 du SPPC.