Système de projection des professions au Canada (SPPC)
Sommaire industriel
Collèges, cégeps et formation professionnelle
(SCIAN 6112, 6114-6117)
Les collèges communautaires et les cégeps comprennent les établissements dont l’activité principale consiste à offrir des cours théoriques ou techniques, et à décerner des grades d’associé, des certificats ou des diplômes de niveau pré-universitaire. Pour être admis à un programme menant à l’obtention d’un grade d’associé ou l’équivalent, l’élève doit posséder au moins un diplôme d’études secondaires ou une formation scolaire générale équivalente. Les écoles professionnelles comprennent les établissements comme les écoles de commerce et de formation en informatique et en gestion, les écoles techniques et écoles de métiers, et d’autres écoles dont l’activité principale consiste à dispenser une formation dans les domaines des beaux-arts, des sports, des langues, et une variété d’autres sujets (formation en secourisme, leçons de conduite, programmes d’alphabétisation pour adultes). Ces établissements peuvent être privés, avec ou sans but lucratif, ou publics. Les collèges communautaires et les cégeps représentent la plus grande part de la production (68 % en 2021), alors que les écoles professionnelles représentent la plus grande part de l’emploi (56 % en 2021; les « autres écoles » à elles seules représentant 48 % de l’emploi). Cette situation peut s’expliquer par le fait que les écoles professionnelles comptent une forte proportion de travailleurs à temps partiel (51 %) et de travailleurs indépendants (48 %). Dans l’ensemble, l’industrie comptait 280 300 travailleurs en 2021, répartis proportionnellement à la population canadienne, soit 38 % en Ontario, 24 % au Québec, 16 % en Colombie-Britannique, 12 % en Alberta, et 10 % dans les autres provinces. La main-d’œuvre est composée d’une majorité de travailleur féminins (59 %). Étant donné la grande variété de services d’enseignement offerts par l’industrie, les professions clés (CNP à 4 chiffres) incluent une combinaison de :
- Enseignants/enseignantes au niveau collégial et autres instructeurs/instructrices en formation professionnelle (4021)
- Autres instructeurs/instructrices (4216)
- Animateurs/animatrices et responsables de programmes de sports, de loisirs et de conditionnement physique (5254)
- Musiciens/musiciennes et chanteurs/chanteuses (5133)
- Recherchistes, experts-conseils/expertes-conseils et agents/agents de programmes en politiques de l’enseignement (4166)
- Danseurs/danseuses (5134)
- Entraîneurs/entraîneuses (5252)
- Assistants/assistantes d’enseignement et de recherche au niveau postsecondaire (4012)
- Gestionnaires de la fonction publique – analyse économique, élaboration de politiques et administration de programmes (0421)
- Conseillers/conseillères en information scolaire (4033)
L’activité économique dans les collèges communautaires et les cégeps repose en partie sur les tendances démographiques de la population âgée de 17 à 21 ans (l’âge le plus courant pour fréquenter un collège ou suivre une formation technique), et est particulièrement sensible aux dépenses gouvernementales en éducation. En comparaison, plusieurs des services d’enseignement offerts par les écoles professionnelles sont destinés à tous les groupes d’âge (enfants, adolescents et adultes) et reposent sur les dépenses de consommation pour des activités parascolaires liées aux arts, aux sports et aux loisirs en général (comme les leçons de musique, de danse, de ski ou de tennis). Dans l’ensemble, l’industrie semble être plutôt résiliente aux ralentissements cycliques de l’économie, ce qui s’explique par le fait qu’en période de récession, les jeunes ont tendance à prolonger leurs études et les travailleurs licenciés à retourner aux études pour élargir leurs compétences en raison des faibles opportunités d’emploi. Ainsi, la production a continué d’augmenter pendant et peu après la récession de 2008-2009, pour ensuite plafonner de 2012 à 2016 en raison d’une baisse de la population chez les 17 à 21 ans. Cette tendance démographique s’est inversée au cours des années suivantes, contribuant à une accélération marquée de la croissance de la production de 2017 à 2019, soutenue également par une forte augmentation du nombre d’individus de différents groupes d’âge qui se sont inscrits dans des écoles professionnelles.
Toutefois, la production a chuté de 7,2 % en 2020, principalement en raison d’une forte baisse dans le segment professionnel puisque plusieurs établissements offrant des activités parascolaires (associées aux arts, aux sports et aux loisirs) ont été contraints de fermer durant la pandémie de COVID-19. La fermeture des frontières et les restrictions en matière d’immigration ont également eu un impact négatif sur l’inscription des étudiants étrangers dans les collèges et les cégeps. Grâce à la réouverture des écoles professionnelles et à la transformation numérique du processus d’apprentissage, la production s’est grandement rétablie en 2021 (+6,4 %), ce qui s’est traduit par une croissance annuelle moyenne de 1,4 % du PIB pour l’ensemble de la période 2012-2021. En comparaison, la croissance de l’emploi s’est chiffrée à 2,4 % par année, et les pertes d’emplois enregistrées en 2020 (-7,1 %) ont été entièrement récupérées en 2021 (+7,4 %). Une grande partie des gains d’emploi enregistrés au cours de la dernière décennie a eu lieu dans les écoles professionnelles où la plupart des établissements affichent une forte concentration de travailleurs à temps partiel, ce qui tend à gonfler le nombre d’emplois par rapport aux autres établissements. L’écart important observé entre la croissance de la production et de l’emploi au cours des dix dernières années reflète une tendance baissière de la productivité, qui a reculé de 1,0 % par année. Cette situation s’explique en partie par la forte intensité de main-d’œuvre qui caractérise les écoles professionnelles, en particulier dans les établissements où l’on observe une concentration élevée de travailleurs à temps partiel (dans le SPPC, la productivité du travail est mesurée par le PIB réel divisé par le nombre total de travailleurs, plutôt que par le nombre total d’heures travaillées). Le recul de la productivité reflète également les changements apportés aux différents programmes offerts dans les écoles et le fait que les collèges et les cégeps ont été plutôt lents à adopter les technologies numériques en matière d’éducation avant la pandémie.
Au cours de la période de projection, la croissance du PIB dans les collèges, cégeps et écoles professionnelles devrait accélérer considérablement, à mesure que l’industrie continue à se remettre de la pandémie et à prendre de l’expansion. La croissance sera stimulée par le retour des étudiants étrangers au Canada à court terme et par un redressement important de la population chez les 17 à 21 ans par rapport à la dernière décennie. La demande toujours croissante pour des travailleurs plus instruits et hautement qualifiés dans un marché du travail en perpétuelle évolution au sein d’une économie de plus en plus numérique continuera à faire grimper les taux d’inscription dans les collèges et les écoles techniques au Canada. Cela s’applique aussi aux travailleurs plus âgés qui pourraient ressentir le besoin d’améliorer leurs compétences afin de s’ajuster aux progrès technologiques. En effet, l’automatisation des opérations augmente rapidement dans plusieurs secteurs de l’économie, non seulement dans les industries productrices de biens, mais aussi dans les industries des services. Certains emplois sont éliminés, alors que plusieurs autres sont en transformation et exigent de nouvelles compétences ainsi qu’une meilleure formation technique pour mieux intégrer et complémenter la technologie.
On projette que le PIB de l’industrie croîtra à un taux moyen de 2,3 % par année sur la période 2022-2031. Cette accélération considérable de la croissance de la production par rapport à la décennie précédente devrait également entraîner une croissance plus rapide de l’emploi au taux annuel de 2,9 % en moyenne. Dans l’ensemble, on anticipe que la productivité continuera de reculer, mais à un rythme plus lent qu’au cours des dix dernières années, enregistrant une baisse de 0,6 % par année. En fait, une grande partie de la hausse de l’emploi et l’ensemble du recul de la productivité devrait se produire en 2022-2023, en réponse à certains ajustements postpandémiques. À partir de 2024, la croissance de la productivité devrait revenir en territoire positif, ce qui se traduira par des gains d’emploi plus modérés pour le reste de la période de projection. Ce redressement de la productivité reflète une plus grande utilisation de l’apprentissage virtuel (ou en ligne) dans les collèges et autres établissements d’enseignement, de même qu’une adoption accrue des technologies numériques dans les salles de classe durant la pandémie. Cette tendance devrait persister et même s’amplifier dans le futur, entraînant une modeste hausse de la productivité, malgré le fait que l’industrie demeurera intensive en main-d’œuvre.
Croissance du PIB réel et de l’emploi dans les collèges, cégeps et formation professionnelle
Sources : Statistique Canada (données historiques) et EDSC, projections industrielles 2022 du SPPC.
PIB réel | Emploi | |
---|---|---|
2012-2021 | 1,4 | 2,4 |
2022-2031 | 2,3 | 2,9 |
Sources : Statistique Canada (données historiques) et EDSC, projections industrielles 2022 du SPPC.