Système de projection des professions au Canada (SPPC)

Sommaire industriel

Soins de santé

(SCIAN 6211-6219; 6221-6223; 6231-6239)

Cette industrie comprend les établissements dont l’activité principale consiste à dispenser des soins de santé en assurant des services diagnostiques et thérapeutiques et à soigner des bénéficiaires internes pour des raisons médicales et sociales. L’industrie est composée de trois segments distincts : les services de soins de santé ambulatoires qui comprennent les cabinets de médecins, de dentistes et des professionnels de la santé, et les laboratoires médicaux et d’analyses diagnostiques (44 % du PIB réel et 33 % de l’emploi en 2021); les hôpitaux qui comprennent les hôpitaux généraux, chirurgicaux, psychiatriques et ceux pour alcooliques et toxicomanes (40 % et 47 %); ainsi que les établissements de soins infirmiers et de soins pour bénéficiaires internes qui dispensent des soins aux personnes souffrant de troubles du développement, d’une maladie mentale, d’alcoolisme ou de toxicomanie, de même qu’aux personnes âgées et aux personnes incapables de s’occuper d’elles-mêmes ou qui ne désirent plus vivre de manière autonome (16 % et 20 %). Avec un total de 2,0 millions de travailleurs en 2021, les soins de santé étaient le deuxième plus important employeur au Canada, derrière le commerce de détail. La main-d’œuvre est principalement composée de travailleurs féminins (79 %) et caractérisée par un haut niveau de scolarité et par une proportion considérable de travailleurs à temps partiel (21 %). Le segment des services de soins de santé ambulatoires affiche également une forte proportion de travailleurs indépendants (33 %). L’emploi est distribué proportionnellement à la population canadienne, soit 37 % en Ontario, 22 % au Québec, 14 % en Colombie-Britannique, 12 % en Alberta, et 15 % dans les autres provinces. Les professions clés (CNP à 4 chiffres) incluent :

  • Infirmiers autorisés/infirmières autorisées et infirmiers psychiatriques autorisés/infirmières psychiatriques autorisées (3012)
  • Aides-infirmiers/aides-infirmières, aides-soignants/ aides-soignantes et préposés/préposées aux bénéficiaires (3413)
  • Infirmiers auxiliaires/infirmières auxiliaires (3233)
  • Omnipraticiens/omnipraticiennes et médecins en médecine familiale (3112)
  • Travailleurs/travailleuses des services sociaux et communautaires (4212)
  • Médecins spécialistes (3111)
  • Adjoints administratifs médicaux/adjointes administratives médicales (1243)
  • Physiothérapeutes (3142)
  • Assistants/assistantes dentaires (3411)
  • Coordonnateurs/coordonnatrices et superviseurs/ superviseures des soins infirmiers (3011)
  • Directeurs/directrices des soins de santé (0311)
  • Hygiénistes et thérapeutes dentaires (3222)
  • Techniciens/techniciennes de laboratoire médical et assistants/assistantes en pathologie (3212)
  • Psychologues (4151)
  • Massothérapeutes (3236)
  • Travailleurs sociaux/travailleuses sociales (4152)
  • Technologues en radiation médicale (3215)
  • Autre personnel de soutien des services de santé (3414)
  • Dentistes (3113)
  • Personnel ambulancier et paramédical (3234)
  • Technologues de laboratoires médicaux (3211)
  • Recherchistes, experts-conseils/expertes-conseils et agents/agentes de programmes en politiques de la santé (4165)
  • Autres technologies et techniciens/techniciennes des sciences de la santé (sauf soins dentaires) (3219)
  • Ergothérapeutes (3143)
  • Inhalothérapeutes, perfusionnistes cardiovasculaires et technologues cardiopulmonaires (3214)
  • Diététistes et nutritionnistes (3132)
  • Pharmaciens/pharmaciennes (3131)
  • Praticiens/praticiennes des médecines douces (3232)
  • Audiologistes et orthophonistes (3141)
  • Chiropraticiens/chiropraticiennes (3122)
  • Optométristes (3121)
  • Autres professionnels/professionnelles en thérapie et en diagnostic (3144)
  • Technologues en échographie (3216)
  • Opticiens/opticiennes d’ordonnances (3231)
  • Technologues en cardiologie et technologies en électrophysiologie diagnostique, n.c.a. (3217)
  • Instructeurs/instructrices pour personne ayant une déficience (4215)
  • Denturologistes (3221)
  • Professionnels/professionnelles de la gestion de l’information sur la santé (1252)
  • Technologues et techniciens/techniciennes dentaires et auxiliaires dans les laboratoires dentaires (3223)

* Incluent également un nombre important de Préposés/préposées à l’entretien ménager et au nettoyage – travaux légers (6731); Serveurs/serveuses au comptoir, aides de cuisine et personnel de soutien assimilé (6711); et cuisiniers/cuisinières (6322).

Les soins de santé sont largement influencés par les tendances démographiques au Canada et très sensibles aux dépenses gouvernementales dans les programmes de santé et services sociaux. La demande pour les soins de santé est essentiellement immunisée contre les fluctuations cycliques de l’économie canadienne, puisque les soins de santé sont une nécessité. Ainsi, le PIB de l’industrie a continué d’augmenter durant la récession de 2008-2009 et a enregistré une croissance relativement solide jusqu’en 2019. Durant cette période, la croissance de la production fut principalement alimentée par la hausse et le vieillissement de la population. Cette croissance aurait été plus forte n’eût été de l’augmentation des déficits budgétaires provinciaux après la récession, qui a obligé les gouvernements à restreindre le financement des soins de santé publics, particulièrement en Ontario et au Québec. La hausse de la demande pour les soins de santé, combinée à une compression des dépenses gouvernementales, s’est traduite par une augmentation du temps d’attente pour certaines opérations ne mettant pas la vie en danger, comme le remplacement d’un genou ou d’une hanche, de même que par des attentes démesurées pour voir certains spécialistes. Un autre développement apparu dans certaines provinces durant cette période est l’obligation pour les patients de payer une partie de la facture pour des services qui étaient auparavant entièrement couverts par le système de santé, comme les examens annuels pour la vue et les traitements de physiothérapie. La pandémie de COVID-19 a également entraîné d’importantes perturbations dans les services de santé à travers le pays qui ont enregistré une baisse de 4,2 % de la production en 2020, provenant essentiellement du segment ambulatoire puisque la production a continué d’augmenter dans les hôpitaux et les soins infirmiers (et soins aux bénéficiaires). Durant cette année-là, plusieurs cabinets de médecins, de dentistes et d’autres professionnels de la santé (chiropraticiens, physiothérapeutes, optométristes, audiologistes, etc.) ont été temporairement fermés ou ont fonctionné à capacité réduite, et de nombreuses procédures ont été suspendues pour faire face à la pandémie. Un grand nombre de Canadiens ont également retardé le recours aux soins de santé par crainte d’être exposé au COVID-19 ou de surcharger le système. Toutefois, la production a fortement rebondi en 2021 (+8,5 %) et est rapidement retournée au-dessus de son niveau prépandémique, ce qui s’est traduit par une croissance annuelle moyenne de 1,8 % du PIB de l’industrie pour l’ensemble de la période 2012-2021.

Du côté de l’emploi, la hausse de la demande en soins de santé a entraîné la création d’environ 447 000 nouveaux postes dans l’industrie au cours de la dernière décennie, quoique la croissance a été temporairement interrompue en 2020 (-0,3 %) en raison de pertes d’emplois considérables dans le segment ambulatoire. La propagation rapide du COVID-19 et l’environnement de travail difficile créé par la pandémie ont également entraîné une hausse significative des absences au travail (maladie, épuisement, etc.) parmi le personnel médical. En moyenne, l’emploi dans les soins de santé a augmenté de 2,5 % par année sur la période 2012-2021, surpassant largement le taux de 0,9 % enregistré pour l’ensemble de l’économie canadienne. Outre la forte demande de main-d’œuvre, les quotas de formation pour les professionnels de la santé, conjugués à des conditions de travail difficiles, ont limité l’offre de travailleurs et entraîné une pénurie importante de main-d’œuvre dans l’industrie. En 2021, les services de soins de santé affichaient un ratio de 0,3 chômeur pour chaque poste vacant, comparativement à une moyenne de 1,0 pour l’ensemble de l’économie (en excluant les chômeurs non classifiés dans une industrie spécifique). Plus précisément, ce ratio était de 0,5 pour les soins ambulatoires, 0,4 pour les soins infirmiers et soins aux bénéficiaires et 0,2 pour les hôpitaux. L’écart important observé entre la croissance de la production et de l’emploi au cours des dix dernières années reflète une tendance baissière de la productivité, qui a reculé de 0,7 % par année. Cependant, les concepts et les mesures de productivité dans les soins de santé publics diffèrent généralement des autres secteurs de l’économie où les biens et les services sont échangés sur une base commerciale et dont la valeur monétaire est plus facile à établir. Les fournisseurs de soins de santé ont mis en œuvre plusieurs mesures afin d’augmenter l’efficacité et réduire les coûts durant la dernière décennie, mais ces changements ne sont pas apparus dans les chiffres sur la productivité en raison d’une hausse importante de l’emploi. Ces mesures consistent, par exemple, à mettre davantage l’accent sur les soins de première ligne, la prévention et les soins à domicile. Cela dit, il existe encore une certaine résistance à l’adoption des nouvelles technologies dans les services de soins de santé, comme en témoigne l’utilisation toujours présente de dossiers papier et de télécopieurs dans certaines cliniques de médecine familiale.

Au cours de la période de projection, la croissance du PIB dans l’industrie continuera d’être soutenue par le rattrapage du retard accumulé dans le traitement des soins "non essentiels" causé par la pandémie. La hausse et le vieillissement de la population continueront également à faire grimper les coûts des soins de santé, obligeant les gouvernements provinciaux à accroître le financement de ces coûts. On anticipe que l’engagement de plusieurs provinces à réduire le temps d’attente dans les salles d’urgence et le temps requis pour les procédures chirurgicales et les traitements spécialisés viendra accélérer la croissance des dépenses gouvernementales et de la production dans les soins de santé. L’engagement du gouvernement fédéral de mettre en place un régime de soins dentaires universel est un autre facteur qui viendra augmenter la demande et soutenir la croissance de la production et de l’emploi dans l’industrie. On projette que le PIB augmentera à un taux moyen de 2,1 % par année sur la période 2022-2031, soit une légère accélération par rapport à la décennie précédente. La croissance de l’emploi devrait toutefois ralentir de façon marginale, se chiffrant à 2,2 % par année en moyenne, surpassant néanmoins le taux anticipé pour l’ensemble de l’économie (+1,4 %). La création d’emplois sera contrainte par une pénurie de main-d’œuvre dans les professions en forte demande (comme les médecins et les infirmiers) et par des pressions budgétaires dans les provinces. En effet, le ralentissement graduel de la croissance de la population active au Canada viendra restreindre la croissance de l’emploi et du PIB à travers le pays, ce qui réduira la croissance des revenus gouvernementaux, limitant ainsi la capacité des gouvernements à accroître leurs dépenses, incluant les dépenses en soins de santé. Dans un tel contexte, on anticipe que les fournisseurs de soins de santé continueront à élaborer des approches novatrices et à adopter de nouvelles façons d’offrir des services afin de limiter leur utilisation de la main-d’œuvre et leurs coûts d’opération, entraînant de meilleures perspectives en matière de productivité. Bien qu’on projette un léger recul de la productivité au taux moyen de 0,1 % par année sur l’horizon 2022-2031, la majeure partie de ce déclin se produira en 2022, en réponse à certains ajustements postpandémiques. De 2023 à 2031, la croissance de la productivité devrait revenir en territoire positif mais demeurer faible, ce qui constitue néanmoins une amélioration notable par rapport à la tendance baissière enregistrée au cours de la décennie précédente.

Parmi les nouveaux modèles de prestation de services, mentionnons la plus grande participation du secteur privé dans la prestation de soins de santé, le recours accru aux soins à domicile pour les patients en phase terminale, et la possibilité de permettre aux infirmiers et aux pharmaciens de fournir des services auparavant réservés exclusivement aux médecins. Les services en ligne et les autres modèles alternatifs de prestations de services rendus possibles par la technologie jouent également un rôle important dans presque tous les processus, comme l’enregistrement des patients, le suivi des données, les tests de laboratoire et les outils de soins auto-administrés. Les téléphones intelligents et les tablettes électroniques remplacent progressivement les systèmes conventionnels de surveillance et d’enregistrement, et les patients ont dorénavant la possibilité de recevoir une consultation à domicile. Permettre aux patients d’accéder à leur dossier médical au moyen d’applications sécurisées, pouvoir parler ou texter à des professionnels de la santé, ou encore consulter certains spécialistes par voie électronique sont quelques-uns des moyens visant à améliorer les soins virtuels et à réduire les temps d’attente. Les services sont de plus en plus assurés à l’extérieur des murs des hôpitaux et intégrés à des dispositifs accessibles et conviviaux. En plus d’adopter des procédures et des technologies visant à améliorer l’efficacité dans la prestation des services de soins de santé, les fournisseurs continueront à prendre des mesures pour contenir les coûts dans le système. Parmi ces initiatives, mentionnons le renvoi des patients à la maison la journée même où ils ont subi une chirurgie de remplacement d’une articulation. En recevant des services de suivi à la maison, ces patients coûtent beaucoup moins cher que ceux qui passent la nuit à l’hôpital. Un plus grand recours aux sages-femmes dans certaines provinces et des séjours hospitaliers de plus courte durée après un accouchement représentent d’autres mesures qui continueront à réduire les coûts dans le système. Ces initiatives sont cruciales à long terme, compte tenu des pressions exercées par les changements démographiques sur le financement des soins de santé publics.

Croissance du PIB réel et de l’emploi dans les soins de santé

Ce graphique montre la croissance annuelle du PIB réel et de l’emploi au cours des périodes 2012 à 2021 et 2022 à 2031 dans les soins de santé. Les données sont présentées dans le tableau à la suite de ce graphique

Sources : Statistique Canada (données historiques) et EDSC, projections industrielles 2022 du SPPC.

Version texte de la figure Croissance du PIB réel et de l’emploi dans les soins de santé (moyenne annuelle, %)
  PIB réel Emploi
2012-2021 1,8 2,5
2022-2031 2,1 2,2

Sources : Statistique Canada (données historiques) et EDSC, projections industrielles 2022 du SPPC.


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