Système de projection des professions au Canada (SPPC)

Sommaire industriel

Assistance sociale

(SCIAN 6241; 6242; 6243; 6244)

Cette industrie comprend les établissements dont l’activité principale consiste à fournir des services d’aide sociale tels que des services de counselling, d’assistance sociale, de protection de l’enfance, d’hébergement communautaire, de réadaptation professionnelle et des services de garderie. L’industrie est composée de quatre segments distincts: services individuels et familiaux, qui comprennent les service à l’enfance et à la jeunesse et les services aux personnes âgées et aux personnes ayant une incapacité; services communautaires d’alimentation et d’hébergement, et services d’urgence et autres secours; services de réadaptation professionnelle comme des services d’orientation professionnelle, de formation et d’expérience de travail destinés aux chômeurs, aux personnes sous-employées et aux personnes ayant une incapacité; et les services de garderie, incluant les programmes d’éducation préscolaire. Les services individuels et familiaux et les services de garderie représentent les deux plus importants segments de l’industrie, totalisant 53 % et 39 % de l’emploi respectivement en 2021. La part restante de l’emploi (8 %) est répartie en parts égales entre les deux autres segments. La ventilation des SCIAN à 4 chiffres pour le PIB n’est pas disponible. Dans l’ensemble, l’industrie comptait 514 200 travailleurs en 2021, répartis presque proportionnellement à la population canadienne, soit 32 % en Ontario, 29 % au Québec, 14 % en Colombie-Britannique, 11 % en Alberta, et 14 % dans les autres provinces. La main-d’œuvre est composée principalement de travailleurs féminins (85 %) et caractérisée par une proportion considérable de travailleurs à temps partiel (22 %). Les professions clés (CNP à 4 chiffres) incluent :

  • Éducateurs/éducatrices et aides-éducateurs/aides-éducatrices de la petite enfance (4214)
  • Travailleurs/travailleurs des services sociaux et communautaires (4212)
  • Aides familiaux résidents/aides familiales résidentes, aides de maintien à domicile et personnel assimilé (4412)
  • Travailleurs sociaux/travailleuses sociales (4152)
  • Thérapeutes conjugaux/thérapeutes conjugales, thérapeutes familiaux/thérapeutes familiales et autres conseillers assimilés/conseillères assimilées (4153)
  • Directeurs/directrices des services sociaux, communautaires et correctionnels (0423)
  • Recherchistes, experts-conseils/expertes-conseils et agents/agentes de programmes en politiques sociales (4164)
  • Cuisiniers/cuisinières (6322)
  • Infirmiers autorisés/infirmières autorisées et infirmiers psychiatriques autorisés/infirmières psychiatriques autorisées (3012)
  • Recherchistes, experts-conseils/expertes-conseils et agents/agentes de programmes en politique de santé (4156)
  • Instructeurs/instructrices pour personnes ayant une déficience (4215)

L’assistance sociale est un élément central de l’état providence canadien. Elle comprend une série de programmes de sécurité du revenu de dernier recours à l’intention des Canadiens qui ont besoin de soutien pour diverses raisons, y compris des difficultés financières en période de crise économique. Par conséquent, plusieurs composantes de l’aide sociale sont inversement reliées aux fluctuations négatives de l’économie canadienne. Les tendances démographiques ont également un impact important sur la demande d’assistance sociale, particulièrement pour les services fournis aux enfants, aux adolescents et aux personnes âgées. Pendant et peu après la récession de 2008-2009, la production a augmenté à un rythme accéléré, puisque la contraction de l’économie a obligé un plus grand nombre de Canadiens à solliciter de l’aide sociale suite à l’augmentation du chômage, alors que la forte hausse du nombre d’enfants âgés de 1 à 4 ans est venue accroître la demande pour les services de garde. La production a stagné de 2011 à 2014, en raison de l’amélioration des conditions économiques et d’une croissance beaucoup plus faible de la population chez les enfants en bas âge, avant d’accélérer de façon considérable de 2016 à 2019. Durant ces quatre années, la montée du chômage dans les provinces productrices de pétrole (suite à l’effondrement des prix du pétrole) a entraîné une augmentation de la demande pour les services sociaux et les services de soutien à l’emploi, alors qu’une croissance plus rapide de la population chez les jeunes de 5 à 17 ans est venue stimuler la demande pour les services individuels et familiaux. Une plus grande sensibilisation aux maladies mentales, des ruptures familiales plus fréquentes et l’augmentation progressive du taux de dépendance découlant du vieillissement de la population ont également contribué à augmenter la demande pour différents services d’aide sociale pendant la dernière décennie.

Cependant, la production a chuté de 7,2 % en 2020, puisque plusieurs garderies et centres de services sociaux ont été temporairement fermés durant la première année de la pandémie de COVID-19, et que les travailleurs licenciés et individus à faible revenu ont pu utiliser la prestation canadienne d’urgence (PCU) comme alternative aux formes traditionnelles d’assistance. À mesure que les parents ont repris le travail, que les enfants sont retournés à la garderie et que les individus ayant eu recours à la PCU se sont tournés vers d’autres types de support, la production dans l’assistance sociale a fortement rebondi en 2021 (+6,3%), récupérant une part importante de ses pertes. Le PIB de l’industrie a ainsi progressé à un taux moyen de 1,7 % annuellement pour l’ensemble de la période 2012-2021, comparativement à un rythme plus modeste de 0,7 % pour l’emploi. Après avoir atteint un sommet en 2015, l’emploi a reculé considérablement en 2016 et est demeuré essentiellement inchangé en 2017-2018, en raison d’une diminution de la demande de main-d’œuvre dans les services de garderie, principalement au Québec et en Ontario, causée par les réformes de certains programmes, par la stagnation de la population de la petite enfance, et par la décision du gouvernement de l’Ontario d’introduire la maternelle à temps plein pour les enfants âgés de quatre et cinq ans. Après un rebond considérable en 2019, l’emploi dans l’industrie s’est effondré en 2020 (-9,7 %) en réponse à la forte baisse de la production, avant de récupérer la plupart de ses pertes en 2021 (+8,2 %). L’écart important observé entre la croissance de la production et de l’emploi au cours de la dernière décennie reflète une tendance haussière de la productivité, qui a augmenté de 1,0 % par année, enregistrant la totalité des gains de 2016 à 2021. Les contraintes budgétaires ont forcé plusieurs gouvernements provinciaux à limiter les coûts de main-d’œuvre dans les programmes sociaux et à mettre en œuvre des approches novatrices pour améliorer l’efficacité dans la prestation des services, ce qui a entraîné une croissance de la production supérieure à celle de l’emploi, particulièrement après 2015.

Au cours de la période de projection, la croissance du PIB dans l’assistance sociale devrait accélérer de façon marginale, à mesure que l’industrie continue à se remettre de la pandémie et à prendre de l’expansion. Malgré de faibles taux de fécondité, la demande pour les services de garderie devrait augmenter de façon importante dans les années à venir, stimulée par la mise en œuvre de système pancanadien d’apprentissage et de garde des jeunes enfants qui vise à réduire le tarif moyen à 10 $ par jour pour les enfants de moins de cinq ans dans l’ensemble des provinces et territoires d’ici 2026 (sauf au Québec, où un système similaire existe déjà). La forte inflation et la hausse des taux d’intérêt hypothécaires devraient également venir stimuler la demande pour certains services d’assistance sociale, car l’augmentation du prix des denrées alimentaires et des coûts d’accessibilité au logement pourraient inciter davantage de ménages à recourir aux banques alimentaires et aux services communautaires d’hébergement, en particulier à court et à moyen terme. En outre, des gains supplémentaires dans la population âgée de 5 à 17 ans devrait venir accroître la demande pour les services individuels et familiaux. La hausse continue du taux de dépendance découlant du vieillissement de la population devrait également venir accroître la demande de services sociaux destinés aux personnes âgées. De plus, les départs massifs à la retraite des baby-boomers viendront restreindre la croissance du revenu disponible à plus long terme, et ceux qui n’auront pas suffisamment épargné pour financer leur retraite pourraient avoir besoin d’un soutien financier.

On projette que le PIB dans l’assistance sociale augmentera à un taux moyen de 1,9 % par année sur l’horizon 2022-2031. La légère accélération de la croissance de la production par rapport à la décennie précédente et des gains plus modérés en matière de productivité devraient également entraîner une croissance plus rapide de l’emploi au taux annuel de 1,4 % en moyenne, enregistrant des gains significatifs durant la première moitié de la projection. Dans l’ensemble, la productivité devrait augmenter à un rythme plus lent de 0,5 % par année, principalement en raison d’une forte baisse en 2022 (ajustements postpandémiques) et du fait que la croissance de la production proviendra en grande partie des services de garderie au cours de la prochaine décennie et que ce segment de l’industrie est caractérisé par une forte intensité en main-d’œuvre. Cela dit, les pressions supplémentaires exercées sur les finances publiques continueront de renforcer le besoin d’accroître la productivité. En effet, le ralentissement graduel de la croissance de la population active au Canada viendra restreindre la croissance de l’emploi et du PIB à travers le pays, ce qui réduira la croissance des revenus gouvernementaux, limitant ainsi la capacité des gouvernements à accroître leurs dépenses, incluant les dépenses reliées aux services sociaux. Dans un tel contexte, on anticipe que les fournisseurs de services d’assistance sociale continueront à élaborer des approches novatrices et à adopter de nouvelles façons d’offrir des services afin de limiter leur utilisation de la main-d’œuvre et leurs coûts d’opération, entraînant des gains supplémentaires en matière de productivité.

Croissance du PIB réel et de l’emploi dans l'assistance sociale

Ce graphique montre la croissance annuelle du PIB réel et de l’emploi au cours des périodes 2012 à 2021 et 2022 à 2031 dans l'assistance sociale. Les données sont présentées dans le tableau à la suite de ce graphique

Sources : Statistique Canada (données historiques) et EDSC, projections industrielles 2022 du SPPC.

Version texte de la figure Croissance du PIB réel et de l’emploi dans l'assistance sociale (moyenne annuelle, %)
  PIB réel Emploi
2012-2021 1,7 0,7
2022-2031 1,9 1,4

Sources : Statistique Canada (données historiques) et EDSC, projections industrielles 2022 du SPPC.


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