Système de projection des professions au Canada (SPPC)

Sommaire industriel

Administration publique

(SCIAN 9111-9119; 9121-9129; 9131-9139; 9141; 9191)

L’administration publique comprend les établissements dont l’activité principale est de nature gouvernementale aux niveaux fédéral, provincial, territorial, régional, municipal et local. Elle couvre les services législatifs, la taxation, la défense nationale, le maintien de l’ordre et de la sécurité publique, les services d’immigration, les affaires étrangères et l’aide internationale, ainsi que la gestion des programmes gouvernementaux. L’industrie comprend non seulement des fonctionnaires, mais aussi des membres des Forces armées canadiennes, des policiers et des pompiers. L’administration fédérale représente le plus important des cinq segments, totalisant 40 % de la production et 42 % de l’emploi en 2021 (excluant les membres actifs des Forces armées canadiennes), suivie des administrations locales, municipales et régionales (31 % de la production et de l’emploi), et des administrations provinciales et territoriales (25 % et 26 %). L’administration autochtone, ainsi que l’administration internationale et les autres administrations extraterritoriales représentent la part restante de la production et de l’emploi (4 % et 1 %). Dans l’ensemble, l’administration publique comptait 1,1 million de travailleurs en 2021, répartis proportionnellement à la population : 38 % en Ontario, 24 % au Québec, 13 % en Colombie-Britannique, 10 % en Alberta, et 15 % dans les autres provinces et territoires. La main-d’œuvre est répartie en parts égales entre les hommes (51 %) et les femmes (49 %) et bénéficie d’une rémunération largement supérieure à la moyenne nationale, ce qui s’explique en partie par des taux de syndicalisation élevés (76 %). Étant donné la grande variété d’activités, les professions clés (CNP à 4 chiffres) incluent une combinaison de :

  • Policiers/policières (sauf cadre supérieurs) (4311)
  • Agents/agentes d’assurance-emploi, d’immigration, de services frontaliers et du revenu (1228)
  • Directeurs/directrices de la fonction publique (0411-0414)
  • Recherchistes, experts-conseils/expertes-conseils et agents/agentes de programmes en politiques sociales (4164)
  • Pompiers/pompières (4312)
  • Analystes et consultants/consultants en informatique (2171)
  • Vérificateurs/vérificatrices et comptables (1111)
  • Agents/agentes de services correctionnels (4422)
  • Avocats/avocates et notaires (4112)
  • Programmeurs/programmeuses et développeurs/ développeuses en médias interactifs (2174)
  • Agents/agentes de sécurité et personnel assimilé des services de sécurité (6541)
  • Agents/agentes de soutien aux utilisateurs (2282)
  • Recherchistes, experts-conseils/experts-conseils et agents/agentes de programmes, en sciences naturelles et appliquées (4161)
  • Manœuvres à l’entretien des travaux publics (7621)
  • Agents/agentes aux achats (1225)
  • Ingénieurs civils/ingénieures civiles (2131)
  • Cades supérieurs/cadres supérieures – administration publiques (0012)
  • Économistes, recherchistes et analystes des politiques économiques (4162)
  • Adjoints/adjointes de direction (1222)
  • Directeurs financiers/directrices financières (0111)
  • Inspecteurs/inspectrices en construction (2264)
  • Inspecteurs/inspectrices de la santé publique, de l’environnement et de l’hygiène et de la sécurité au travail (2263)
  • Recherchistes, experts-conseils/expertes-conseils et agents/agentes de programmes en politiques de la santé (4165)
  • Urbanistes et planificateurs/planificatrices de l’utilisation des sols (2153)
  • Technologues et techniciens/techniciennes en génie civil (2231)
  • Correspondanciers/correspondancières et commis aux publications et aux règlements (1452)
  • Intervieweurs/intervieweuses pour enquêtes et commis aux statistiques (1454)
  • Agents/agentes de probation et de libération conditionnelle et personnel assimilé (4155)
  • Analystes de bases de données et administrateurs/administratrices de données (2172)
  • Agents/agentes de programmes propres au gouvernement (4168)
  • Juges de paix et officiers/officières de justice (1227)
  • Commis à la saisie de données (1422)
  • Agents/agentes d’application de règlements municipaux et autres agents/agentes de réglementation, n.c.a. (4423)
  • Biologistes et personnel scientifique assimilé (2121)
  • Technologues et techniciens/techniciennes en biologie (2221)
  • Membres des corps législatifs (0011)
  • Commis des services judiciaires (1416)
  • Inspecteurs/inspectrices d’ingénierie et officiers/officières de réglementation (2262)
  • Inspecteurs/inspectrices des produits agricoles et de la pêche (2222)
  • Traducteurs/traductrices, terminologies et interprètes (5125)
  • Personnel technique en géomatique et en météorologie (2255)
  • Mathématiciens/mathématiciennes, statisticiens/statisticiennes et actuaires (2161)
  • Juges (4111)
  • Physiciens/physiciennes et astronomes (2111)
  • Météorologues et climatologues (2114)

Pendant et peu après la récession de 2008-2009, les différents programmes mis en place par les gouvernements fédéral et provinciaux afin de stimuler l’économie sont venus augmenter la production et l’emploi dans l’administration publique. Toutefois, la diminution des recettes fiscales et l’augmentation des dépenses publiques ont entraîné d’importants déficits budgétaires dans tous les paliers de gouvernements. À partir de 2012, les gouvernements fédéral et provinciaux ont annoncé des mesures visant à freiner la croissance des dépenses dans les programmes afin d’équilibrer leurs budgets, entraînant une légère baisse de la production et de l’emploi jusqu’en 2015. Le gouvernement fédéral a été le plus restrictif sur le plan des dépenses afin d’atteindre l’équilibre budgétaire en 2014-2015. Bien que l’administration fédérale ait atteint son objectif, la situation s’est détériorée de nouveau suite à l’effondrement des prix du pétrole brut, puisque le ralentissement de la croissance économique au Canada a réduit la croissance des recettes publiques. En 2016, le gouvernement fédéral a augmenté considérablement ses dépenses pour stimuler l’économie et la croissance des dépenses publiques est demeurée forte de 2017 à 2019, renforçant la hausse de la production dans l’administration publique. Ceci a entraîné un redressement notable de l’emploi qui a bondi de 104,000 de 2016 à 2019, enregistrant la plupart des gains dans les administrations fédérale et municipales. Cependant, la production et l’emploi se sont légèrement repliés en 2020, en baisse de 1,4 % et 0,8 % respectivement, car certains services ont été fermés ou ont fonctionné à capacité réduite au début de la pandémie de COVID-19. Des heures de travail ont aussi été perdues par le temps que les employés de bureau se convertissent entièrement au télétravail. Grâce à la réouverture des centres de services gouvernementaux, à l’augmentation des capacités de télétravail et à une vague d’embauches alimentée par la pandémie dans l’administration fédérale, la production et l’emploi ont fortement rebondi en 2021, enregistrant des hausses respectives de 4,5 % et 7,4 %. En moyenne, le PIB dans l’industrie a augmenté à un taux annuel de 1,1 % sur l’ensemble de la période 2012-2021, comparativement à 1,4 % pour l’emploi. La productivité a chuté de façon marquée durant les années de pandémie, entraînant une baisse moyenne de 0,3 % annuellement sur l’ensemble de la décennie.

Au cours de la période de projection, la croissance du PIB dans l’administration publique devrait ralentir sensiblement par rapport à la dernière décennie, principalement en raison de perspectives négatives à court terme. En effet, après avoir bondi en 2021, on anticipe que la production reculera en 2022-2023 puisque les gouvernements fédéral et provinciaux devront faire face à d’importants déficits budgétaires engendrés par la pandémie. La croissance devrait reprendre en 2024 mais demeurer modeste, en raison de pressions additionnelles exercées par les changements démographiques sur les finances publiques. En effet, le ralentissement de la croissance de la population en âge de travailler et la tendance baissière dans le taux d’activité moyen occasionnée par le vieillissement de la population viendront réduire la croissance de la population active au Canada à long terme, limitant ainsi la création d’emplois et la croissance économique au pays, ce qui viendra affecter la croissance des recettes fiscales. Le retrait massif des baby-boomers du marché du travail viendra également réduire le nombre de personnes à forte rémunération dans l’économie canadienne et limiter la croissance du revenu moyen du travail. En plus d’éroder les bases d’imposition fédérale et provinciale, le vieillissement de la population exercera des pressions supplémentaires sur le système de soins de santé, limitant la capacité d’accroître les dépenses dans les programmes gouvernementaux et l’administration publique. Cette arme à double tranchant entraînera certainement une prolongation de la période de confinement des coûts pour les gouvernements qui sont déjà dans une situation délicate sur le plan budgétaire. En revanche, l’engagement de tous les paliers de gouvernement à lutter contre les changements climatiques et à réduire les émissions à travers une série de politiques et programmes devrait venir engendrer des gains supplémentaires dans la production et l’emploi au sein de l’administration publique.

On projette donc que le PIB augmentera à un taux moyen de 0,9 % par année sur l’horizon 2022-2031, soit un léger ralentissement par rapport à la décennie précédente. Le taux de croissance de l’emploi devrait également ralentir, pour se chiffrer à 1,1 % par année. Dans l’ensemble, on anticipe que la productivité continuera de diminuer, en baisse de 0,2 % annuellement, mais la totalité du déclin se produira en 2022-2023 en réponse à l’embauche massive de nouveaux employés en 2021, qui devrait se poursuivre en 2022 et, dans une moindre mesure, en 2023 (il faut un certain temps avant que les nouveaux employés deviennent aussi productifs que les employés déjà en place). À partir de 2024, la croissance de la productivité devrait revenir en territoire positif, ce qui se traduira par des gains d’emploi plus modérés pour le reste de la période de projection. En plus des contraintes budgétaires, le ralentissement anticipé dans la croissance de l’offre de main-d’œuvre au Canada et le resserrement graduel du marché du travail devraient inciter les gouvernements à automatiser certaines de leurs opérations et à continuer de mettre en place de nouvelles façons d’offrir des services afin de limiter leurs coûts d’opération et leur utilisation de la main-d’œuvre, entraînant des gains supplémentaires en matière de productivité. Grâce à la rapidité des progrès anticipés dans les technologies cognitives, les opérations gouvernementales impliquant des tâches routinières (dans des professions comme celles de commis, d’inspecteur et d’agent de programme) deviendront de plus en plus susceptibles d’être automatisées et exécutées par des logiciels spécialisés, des systèmes intelligents et des applications en ligne. Parallèlement, les opérations impliquant des tâches non routinières (dans des professions comme celles de chercheur, analyste et scientifique) seront davantage appuyées et complémentées par l’utilisation et l’analyse de mégadonnées, l’intelligence artificielle et l’apprentissage machine.

Croissance du PIB réel et de l’emploi dans l'administration publique

Ce graphique montre la croissance annuelle du PIB réel et de l’emploi au cours des périodes 2012 à 2021 et 2022 à 2031 dans l'administration publique. Les données sont présentées dans le tableau à la suite de ce graphique

Sources : Statistique Canada (données historiques) et EDSC, projections industrielles 2022 du SPPC.

Version texte de la figure Croissance du PIB réel et de l’emploi dans l'administration publique (moyenne annuelle, %)
  PIB réel Emploi
2012-2021 1,1 1,4
2022-2031 0,9 1,1

Sources : Statistique Canada (données historiques) et EDSC, projections industrielles 2022 du SPPC.


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